Pour célébrer sa restauration, la colonne Vendôme s’est offert un son et lumière magique! A l’issue de près d’un an de rénovation, les 425 plaques de bronze de la colonne Vendôme ont retrouvé leur éclat grâce au financement du Ritz, le célèbre palace de la place.
« La ville de Paris a son grand mât tout de bronze, sculpté de Victoires, et pour vigie Napoléon ». Comme en témoigne cette citation de Balzac, la colonne Vendôme fut tout au long du XIXe siècle un symbole important de la capitale française sur lequel chaque gouvernement voulut imposer sa marque. Son histoire mouvementée forme un saisissant raccourci de celle de la Nation.
En mars et juin 1800, deux décrets ordonnèrent l’érection dans tous les chefs-lieux français d’une colonne consacrée « à la mémoire des braves du département ». A Paris, deux colonnes étaient prévues : une colonne nationale, place de la Concorde, et une colonne départementale, place Vendôme. Sans aboutir, l’idée fut reprise en 1803 par le Premier Consul qui confirma l’érection d’une colonne place Vendôme « à l’instar de celle élevée à Rome, en l’honneur de Trajan », ornée de 108 figures de départements montées en spirale et surmontée de la statue de Charlemagne.
C’est en 1805, au lendemain d’Austerlitz, que le directeur des Musées, Dominique Vivant Denon, aurait proposé à l’Empereur d’ériger avec les canons pris aux Autrichiens une colonne commémorative de la campagne et dédiée à la Grande Armée. Un décret du 1er janvier 1806 confirma cette construction. Habilement, Vivant Denon fit abandonner l’idée de la colonne place Vendôme dédiée à Charlemagne au profit de la colonne Germanique sur laquelle la « dernière expédition y serait écrite en bronze par un bas-relief de huit cent trente pieds, représentant les opérations de la mémorable campagne de 1805, de même que l’expédition contre les Daces l’a été sur la colonne Trajane« .
Conçue par Lepère et Gondoin, elle reçut le nom de colonne d’Austerlitz, puis colonne de la Victoire avant de devenir colonne de la Grande Armée. Lepère dirigea la fonte des 1200 pièces de canons ou de couleuvrines pris aux Russes et aux Autrichiens. Une inscription fut gravée sur le tailloir du chapiteau : « Monument élevé à la gloire de la Grande Armée par Napoléon le Grand, commencé le 25 août 1806, terminé le 15 août 1810 ». Composée d’une structure de pierre recouverte de 425 plaques de bronze fixées par des agrafes, la colonne Vendôme déroule en spirale sur 280 m une frise de bas-reliefs dessinés par Bergeret et représentant les principaux épisodes de la campagne, du camp de Boulogne jusqu’au retour de l’Empereur et de sa Garde en 1806. L’exécution en fut confiée à une équipe de sculpteurs composée entre autres de Boizot, Bosio, Bartolini, Ramey, Rude, Corbet, Clodion et Ruxthiel.
D’une hauteur de 42 m, la colonne fut surmontée d’une statue commandée à Chaudet et figurant l’Empereur en costume romain. Déboulonnée par les Alliés en 1814, elle fut remplacée par un drapeau de fleurs de lys durant la Restauration puis, sous la Monarchie de Juillet, par une statue de Seurre représentant Napoléon en « Petit Caporal » aujourd’hui conservée aux Invalides. Sous le Second Empire, une copie de la statue de Chaudet par Dumont fut réinstallée à son sommet. Déboulonnée sous la Commune à l’initiative de Gustave Courbet, la colonne Vendôme fut restaurée et réédifiée aux frais de l’artiste en 1873.