Un jeune homme charmeur conte fleurette avec des balades romantiques, en ne s’aidant que d’une guitare et de sa voix. La recette a bien sûr fait ses preuves. Un peu de Brassens, un peu de Cabrel, un peu de Star Ac’, le tout quelques semaines avant l’été: le succès semble assuré.
Le label Tôt ou Tard a fait un réel pari en allant chercher Vianney. Mèche plaquée et pull autour du cou, le jeune homme de 24 ans ne ressemble pas à ceux qu’il côtoie dans les classements. Vianney a grandi dans le XVIe arrondissement de Paris, fréquenté ses lycées privés catholiques, fait du scoutisme dans ses paroisses.
Il n’est pas le seul. Mais à la différence de beaucoup d’autres, il ne fait rien pour le cacher. Tellement, que l’on aurait pu craindre la foudre des critiques, voire celle du public. En juin dernier, il sort un premier clip évocateur dans lequel il exhibe fièrement sa collection de mocassins en daim et de chaussures à boucle. Vianney tend le baton pour se faire battre, mais personne ne le saisit. Parce sa démarche est sincère.
Dans les médias, ceux qui l’aiment l’encensent. Les autres se taisent. Comble de l’ironie: un passage remarqué à l’émission de Laurent Ruquier, On n’est pas couché, au cours de laquelle les chroniqueurs acerbes que sont Léa Salamé et Aymeric Caron avouent un coup de cœur et saluent sa «gentillesse».
Il est là, le secret de Vianney: avancer sans masque. C’est un jeune homme privilégié, bien pensant et bien élevé. Ses compositions plaisent aux jeunes filles et à leur mère. Conscient de vivre dans un cocon, il voyage beaucoup, seul, et se fixe des défis personnels: ralier Israël avec 100 euros, faire le tour de France en scooter électrique. «Je refusais qu’on me mette dans une case. Mes parents ne m’ont pas élevé comme ça», explique-t-il.
Le jeune homme ne prétend pas révolutionner la chanson mais il est doué. Il ne lit pas la musique et compose à l’instinct. Cette insouciance donne à ses compositions des airs certes un peu répetitifs mais toujours pertinents. Les textes sont parfois maladroits mais sincères. L’ensemble est plein de bons sentiments. Son arme principale, c’est sa voix, un vibrato puissant.
Tout en prenant ses distances avec les critiques, positives ou négatives, Vianney ne cherche pas le succès et joue de son image anti-branchée: «Si j’avais une voix / et la moustache qu’il faut / pour passer sur Nova / tu reviendrais bientôt» , dit-il dans son premier single. Les Guignols de l’info ont même détourné son tube Pas Là: consécration pour un chanteur qui sait manier l’autodérision. «Je suis devenu un running gag chez certaines personnes, ça me fait plutôt marrer», déclare-t-il sans prétention.
Vianney a déjà gagné le respect de ceux qu’il admire. Son label est celui de Dick Annegarn. Florent Pagny lui confie ses premières parties. Cet été, on le retrouvera en haut de l’affiche des plus grands festival de France.