« On n’a pas fini d’interpréter mon voyage à Baden-Baden !… », a dit De Gaulle, peu de temps avant sa mort au colonel d’Escrienne, son dernier aide de camp. Pourquoi le chef de l’État a-t-il choisi de partir en secret pour l’étranger, le 29 mai 1968, provoquant la panique dans son entourage, et au risque de se voir accusé par certains d’avoir fui ?
De Gaulle ayant affirmé publiquement avoir envisagé « toutes les éventualités sans exception » (le retrait du pouvoir, l’exil, la résistance, la création d’une nouvelle France Libre), cet événement a donné lieu à une série d’hypothèses toutes légitimes, car toutes fondées sur des propos successifs du chef de l’État adaptés à chaque interlocuteur pour obtenir le brouillage maximal d’une opération relevant, en réalité, de sa diplomatie secrète. Mais Willy Brandt a livré la clé de l’énigme et pour Henri- Christian Giraud l’explication de l’équipée de Baden-Baden n’est à chercher ni dans une défaillance du général De Gaulle ni dans une manoeuvre militaire ou psychologique, mais dans son « duo-duel » avec le Parti communiste et sa « belle et bonne alliance » avec Moscou, renouvelée en 1964 par l’Ostpolitik gaullienne. Sur fond d’intervention soviétique en Tchécoslovaquie. Voici l’histoire d’un chef-d’oeuvre d’intoxication de ce « théoricien de la surprise » qu’était De Gaulle. Une contre-enquête historique qui se lit comme un roman.
Henri-Christian Giraud est journaliste. Ancien rédacteur en chef du Figaro Magazine, il est l’auteur deDe Gaulle et les communistes (Albin Michel, 1988 et 1989), T. 1 : L’Alliance (juin 1941-mai 1943), T. 2 : Le Piège (mai 1943- janvier 1946), et de Terres de Mafia, (J.-C. Lattès, 1993). Il a dirigé l’ouvrage collectif Réplique à l’amiral de Gaulle (Le Rocher, 2004) et écrit Une histoire de la révolution hongroise (2016) et 1914-1918 La Grande Guerre du général Giraud (2014) parus aux Éditions du Rocher.