150 nouveaux termes et 50 personnalités entrent dans l’édition 2018 du fameux dictionnaire. Emmanuel Macron, Jean-Christophe Rufin, Catherine Frot, Véronique Sansson pour les noms propres. «Ubérisation», «déradicalisation», «bisounours» et «hipster» pour les noms communs.
Pierre Larousse aurait deux cents ans aujourd’hui. Il aurait été heureux de voir le chemin parcouru par son petit Dictionnaire de la langue française publié en 1856. Le linguiste Bernard Cerquiglini souligne que le lexicographe qui avait d’abord été un instituteur et un pédagogue hors pair avait un but aussi simple qu’ambitieux: «Répandre l’esprit des Lumières en diffusant le savoir, faire reculer l’ignorance et les préjugés, œuvrer au progrès démocratique, telle était l’ambition de Pierre Larousse, fils de forgeron et de cabaretière. Au bout de deux cents, cet esprit reste moderne. Larousse, c’est notre contemporain.»
L’édition de 1856 occupait 700 pages en petit format, la dernière a plus de 2000 pages en format largement agrandi. L’édition 2018, à paraître le 20 juin, accueille 150 mots nouveaux, sens et expressions. «Ce sont des termes qui suivent l’évolution de la langue française, qui collent à notre époque. Des mots qui font partie de notre quotidien et qui ont dépassé les phénomènes de mode», explique Carine Girac-Marinier, directrice du département Langue française et Encyclopédies des éditions Larousse lors de la présentation dans «le plus ancien café du monde», Le Procope, à Paris. Par ailleurs, dans la partie «noms propres», il y aura cinquante personnalités nouvelles, avec un milieu culturel et artistique particulièrement représenté.(…)
Idem pour les enjeux environnementaux: permaculture (qui vient de l’anglais), un mode d’agriculture fondé sur les principes du développement durable ; mais aussi épisode cévenol (phénomène caractérisé par de fortes pluies continues tombant en automne sur le massif des Cévennes.
La francophonie fournit son lot habituel d’une dizaine de termes. La Réunion est à l’honneur avec barachois (cirque peu profonde), boucané (viande fumée) et barreauder (garnir de barreaux).
Le registre courant, familier ou régional apporte sa dose d’humour, toujours bienvenue. L’édition 2018 fait place à bisounours mot et adjectif invariable: souvent péjoratif, personne d’une grande naïveté. Ou rouméguer (du Sud- Ouest), personne manifestant son mécontentement, comme s’il n’y avait pas assez de mots comme cela pour dire quand ça ne va pas!
Les nouvelles têtes du Petit Larousse
L’écrivain Jean-Christophe Rufin était déjà devenu immortel en étant élu à l’Académie française en 2008. Il l’est encore plus en faisant son entrée dans le sacro-saint Petit Larousse. Sa «promo» est de haute volée: les cinéastes Olivier Assayas et John Carpenter, le philosophe Étienne Balibar ; les écrivains Boualem Sansal, Alain Mabanckou, Richard Ford et Marie Darrieussecq, l’historien Michel Winock; les acteurs Morgan Freeman, Catherine Frot; Stanley Lieber, scénariste et éditeur de bandes dessinées américain, et Cosey, le «petit» Français; le couturier Emmanuel Ungaro, la chanteuse Véronique Sanson, la danseuse étoile Aurélie Dupont, la soprano Patricia Petitbon qui a déjà un astéroïde à son nom!
Il a fallu un petit exploit technologique pour intégrer, en dernière minute, dans la partie «noms propres» le nouveau président de la République élu le 7 mai. Emmanuel Macron y figure à quatre reprises, avec, de plus sa photo. «Nous avons bloqué plusieurs cahiers à imprimer, car le président se trouve dans la partie «noms propres», bien sûr, mais aussi dans la partie Histoire et dans l’album de photographies des présidents de la Ve République», raconte Carine Girac-Marinier.
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