Verdun outragé, Verdun piétiné, Verdun, Verdun ravagé! Le monde ne s’est jamais plus mal porté depuis la Seconde Guerre… Et la commémoration de la Première fut à l’image de la décomposition mentale de l’Allemagne et de la France : tragique. Pas pour tous… Volker Schlöndorff, 77 ans… âge auquel, l’on devrait avoir le sens de l’Histoire et celui de la décence…est très satisfait de l’ épouvantable profanation qu’il a orchestré “sans faux solennel” pour complaire à François Hollande.(NDLR)
«C’est formidable ! Il y a de la vitalité, ça se fait dans la joie. Il n’y a rien de pompeux. Ces jeunes ne savent même pas eux-mêmes quelle émotion ils suscitent en déambulant entre les tombes… C’est vraiment un moment fort. Ils étaient 1 400 à répéter aujourd’hui, il y en aura 1 600 autres samedi et 1 000 dimanche matin avant la générale. Mais ce n’est pas un spectacle chorégraphique, les jeunes ne font pas de numéros. Ils sont plutôt là pour se créer des souvenirs… ». Le réalisateur allemand Volker Schlöndorff sort des répétitions à la nécropole de Fleury-devant-Douaumont qui regroupe des dépouilles des soldats morts pour la France dans la région de Verdun entre 1914 et 1918.
Il a été choisi par le président de la République pour mettre en scène la cérémonie du centenaire qui se déroule ce dimanche en présence de la Chancelière Angela Merkel : « C’est le journaliste et écrivain Pierre-Louis Basse qui m’a parlé du projet, ce devait être en décembre. J’avais réalisé “La mer à l’aube” à partir de son récit. J’ai rencontré le président François Hollande en janvier. Il voulait “une cérémonie d’un autre genre. Sans faux solennel.” D’où l’idée de le faire avec les jeunes. Je ne pouvais pas dire non. J’ai soixante ans d’histoire franco-allemande sur le dos… », plaisante cette figure majeure du cinéma d’outre-Rhin, né en 1939 à Wiesbaden, cadet de trois enfants dans un foyer où le père est médecin. « J’ai passé ma vie à faire des allers-retours entre la France et l’Allemagne », raconte Volker Schlöndorff dont la famille s’installera dans l’Hexagone en 1956.(…)
A Verdun ce dimanche, il est celui qui dénonce l’absurdité d’un conflit dont il n’a jamais entendu parler « qu’avec la plus grande horreur » : « Mon père a fait la guerre. Cent ans, ce n’est pas si loin. C’est si peu dans la vie d’une famille, il y a encore des souvenirs, des photos… », confie Volker Schlöndorff. « Le propos n’est pas de rappeler l’acte héroïque mais de dénoncer l’ignominie de la guerre. Il faut se méfier des promesses et des discours enflammatoires. On voit où ils mènent. »
De cette journée, Volker Schlöndorff, qui fait se rejoindre la jeunesse sacrifiée d’hier et celle d’aujourd’hui, voudrait que subsiste « le rapport physique » avec l’endroit, « que ce ne soit pas un lieu qu’on évite ». Un cimetière fait pour les vivants où se mêleront ce dimanche la « Marche militaire » de Saint-Saëns et les Tambours du Bronx, mémoire et espoir réunis.