Un choix qui, en interne, provoque de vives tensions. Le Syndicat de la magistrature avait notamment déclenché la polémique, en 2013, après la révélation de son “mur des cons” apposé dans son siège, sur lequel figurait une trentaine de personnalités étiquetées à droite. Parmi elles : les UMP Brice Hortefeux, Michèle Alliot-Marie, Thierry Mariani, Robert Ménard, le magistrat Philippe Courroye, le criminologue Alain Bauer, mais aussi le général (2S) Philippe Schmitt dont la fille Anne-Lorraine avait été assassinée par un récidiviste après une tentative de viol en 2007 et qui avait créé l’Institut pour la justice.
Lors des élections présidentielles de 2007 et 2012, le Syndicat de la magistrature avait appelé à voter contre Nicolas Sarkozy. Emmanuelle Perreux, actuelle vice-présidente au tribunal de grande instance (TGI) de Bordeaux, s’était notamment “illustrée” en dénonçant le « virage de la démocratie sur les questions de sécurité » de Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, en particulier sa loi sur la récidive adoptée en 2010 à la suite du procès de Francis Évrard, pédophile condamné pour le viol du petit Enis à Roubaix (Nord).
Proche du Syndicat de la magistrature dont elle avait pris la défense lors de la polémique sur le “mur des cons”, estimant « impossibles » des poursuites, Taubira, déjà garde des Sceaux à l’époque, avait subi un camouflet judiciaire en février 2015 lorsque le parquet avait fait appel du “non-lieu” initialement prescrit. Françoise Martres, présidente du Syndicat au moment des faits, est depuis mise en examen pour “injure publique”. Emmanuelle Perreux doit succéder à Jean-David Cavaillé, nommé en 2010 et spécialement muté, le mois dernier, comme procureur à Angoulême (Charente) pour lui céder la place.
La future chargée de la formation des magistrats n’aura pas à déménager pour occuper ses nouvelles fonctions : comme son actuel poste, l’ENM se situe à Bordeaux. Du sur-mesure.