Avec le christ dans les prisons de Chine de Rose Hu

Avec le Christ au laogai…

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Par Yves Chiron

Hu Meiyu, née en 1923 à Shanghai, dans une « famille païenne » (selon son expression), a été élève au collège catholique L’Aurore à partir de l’âge de 12 ans. Elle s’est convertie au catholicisme et a été baptisée, sous le nom de Rose, le 17 avril 1949. Moins de six mois plus tard, Mao et le Parti communiste chinois prenaient le pouvoir à Pékin.

Membre de la Légion de Marie et de l’association catholique étudiante de Shanghai, Rose a été arrêtée une première fois le 8 septembre 1955. Elle ne retrouvera une pleine liberté qu’en 1982, après avoir connu différentes prisons et camps de travail (laogai). Emigrée aux Etats-Unis en 1989, elle y est morte d’un cancer en 2012.

En 2000, elle avait publié un livre de mémoires en langue chinoise. L’ouvrage, en 62 courts chapitres, a été traduit en anglais et en japonais et connaît maintenant une traduction française à l’initiative de la Fraternité Saint-Pie X, dont Rose Hu était devenue membre du tiers-ordre.

La seule motivation de sa première arrestation fut son appartenance à la Légion de Marie, considérée comme un nid de « contre-révolutionnaires ». On chercha à la recruter pour le Parti : « Hu Meiyu, tu es capable d’influencer un grand nombre de jeunes gens et de membres de l’Eglise et d’inciter le grand nombre à se convertir au communisme. » Comme elle l’écrit : « C’était l’époque où il fallait choisir entre être un martyr ou un traître. »

Au cours de ses huit premiers mois d’emprisonnement, elle subira jusqu’à 120 heures d’interrogatoire. Elle n’aura jamais droit à un procès et sera condamnée, plus tard, à quinze ans d’emprisonnement ; on lui demandera simplement de signer son acte de condamnation.

« Ecouter Dieu »

Ce qu’elle raconte de ses prisons et des années passées dans deux camps de travail forcé montre une force d’âme sans pareille et un abandon à la volonté de Dieu qui n’était pas qu’une pieuse formule.

Dans ses premières années de prison, elle a appris à « préparer l’aube à venir » dans le silence : « Je devais supprimer tout bruit dans mon esprit par le moyen d’un profond silence. Grâce à cela, il devait m’être possible de chasser tout tapage dans mon âme. Je restais silencieuse de façon à pouvoir écouter Dieu plus attentivement, à lui laisser davantage de place dans mon âme. Je voulais que Notre-Seigneur me réformât comme il l’entendait. Le silence, véritablement, signifiait être en mouvement sans fermer la porte. »

Elle raconte, sans s’en faire une gloire, les humiliations physiques et les tortures morales. Elle raconte aussi l’entraide entre détenues, l’héroïsme au quotidien pour survivre (physiquement et spirituellement). On retiendra aussi dans ce livre exceptionnel le portrait de divers héros et héroïnes de la foi que Rose a côtoyés dans ses prisons et qui furent aussi, toujours, des pratiquants de la charité en acte.

• Rose Hu, Avec le Christ dans les prisons de Chine, Clovis, 270 pages.

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