« Dans un monde qui va trop vite, où l’on a de moins en moins de repères, j’avais la nécessité de retourner aux sources », explique le réalisateur Martin Esposito. Alors, comme on a toujours besoin d’un… pote âgé, pour « retourner aux sources », il s’est tourné vers son grand-père : Vincent Esposito.
Mon grand-père ce « héros ».
D’origine calabraise, Vincent, 85 ans, le visage bosselé comme une pomme de terre, cultive avec amour et patience son jardin potager. Un jardin extraordinaire où, loin de la fébrilité urbaine, du sans gluten et autres principes de précaution, le temps semble suspendu au fil des saisons. Un jardin pour lequel Vincent, depuis la mort récente – et en souvenir – de sa femme, redouble de soins envers ses semis et plantations. Un jardin qui lui sert de refuge lorsque la tristesse le gagne et que l’absence de celle qui a été sa compagne se fait trop sentir.
Pour ne pas perdre à jamais le savoir-faire de cet « ancien » qu’est son grand-père, Martin a planté sa caméra dans le potager de celui-ci. Là, sous le regard parfois moqueur de son « pépé » – notamment à l’encontre de sa belle-sœur et de son beau-frère qui arrosent trop les tomates et abusent des pesticides et du motoculteur qui « génocide » les lombrics – et sur ses conseils, Martin va s’initier aux gestes précis du parfait petit jardinier. Des conseils qui vont du tri des semences à la récolte, en passant par la cuisine et la mise en bocaux des légumes amoureusement cultivés dans un profond respect de la nature. Comme le dit Vincent : les pesticides, « on s’en cague ! [« On s’en fout ! »] Tu regardes comme je fais et tu recopies (…) Comme le père de mon père me l’avait montré à l’époque. Ça fait 70 ans de ça ! ».
Les choses – simples – de la vie ! Avec ce documentaire du genre « silence ça pousse » plein de tendresse et au suspense insoutenable – les tomates, poivrons, piments, courges… sortiront-ils de terre le moment venu ? –, Martin Esposito offre au spectateur un vibrant hommage à la nature (bio) et un hymne d’amour à son grand-père « passeur de témoin » et « gardien de la terre ».
Pierre Malpouge – Présent
