Par Alain Sanders
Certains lecteurs qui n’ont pas la mémoire courte m’écrivent : « Il y a quelques semaines, vous aviez annoncé que vous parleriez de John Money, le docteur Frankenstein de la théorie du genre. Et on ne voit rien venir… »
Je n’avais pas oublié. Mais j’attendais d’avoir lu l’ouvrage qui carbonise les dingueries de ce John Money, un livre paru en 1998 et dû à John Calapinto, As Nature Made Him : The Boy Who Was raised As A Girl (1).
Qui est John Money ? Un sexologue et un psychologue néo-zélandais. Dans les années cinquante, il s’était « spécialisé » dans la recherche sur les enfants intersexués (hermaphrodisme) à l’université John Hopkins de Baltimore. Jusque-là, il ratiocinait et persiflottait sur le sexe des anges. Dans son coin. Mais, en 1966, on bascule dans l’horreur.
Cette année-là à Winnipeg, au Canada, des jumeaux âgés de huit mois, David et Brian Reimer, entrent à l’hôpital pour régler une malformation génératrice de problèmes urinaires. Rien de bien méchant. On pratique une sorte de circoncision et on cautérise électriquement. Sauf que, pour David, le chirurgien va faire une mauvaise manip : le pénis du bébé est calciné. Les parents sont effondrés.
Un soir, ils voient John Money à la télé. Il pérore et explique très doctement que l’identité sexuelle d’un enfant, au début de sa vie, est un leurre. Et qu’on peut faire « évoluer » les choses (c’est-à-dire aller contre la nature, en fait) en agissant sur trois plans : médicalement (prise d’hormones), psychologiquement (par une thérapie appropriée), par l’éducation (tu n’es pas un homme, mon fils, tu es une femme…). La dinguerie criminelle du gender est née.
Dans Valeurs actuelles, Isabelle Marchandier écrivait récemment : « C’est la fameuse théorie du genre que Money avait définie, dès 1955, comme l’orientation sexuelle choisie indépendamment de la réalité biologique du corps. Le masculin et le féminin n’étant plus des évidences biologiques, mais des constructions sociologiques, chacun est libre de créer sa propre identité et d’en changer s’il le souhaite. »
Dans leur malheur – et pour leur malheur – les Reimer vont contacter Money. Ce dernier, qui saute sur l’occasion, les persuade d’élever David (qui est resté un garçon malgré son accident chirurgical) comme une fille. Et de ne jamais lui dire (ni à lui ni à son frère) qu’il est né garçon. Il inflige à David, rebaptisé « Brenda », un lourd et massif traitement hormonal et, bientôt, alors que David-Brenda a 21 mois, il lui ôte les testicules ! « Brenda » est dès lors élevée comme une petite fille.
A 6 ans, les jumeaux ont grandi. Brian comme un garçon, David-Brenda comme une fille. Money pavoise. N’est-ce pas la preuve, comme il le professe, qu’on peut déprogrammer et reprogrammer ce que la nature avait produit au départ ? On l’invite un peu partout, il multiplie conférences et articles, il écrit un livre : Man-Woman, Boy-Girl (1972).
A l’adolescence de David-Brenda (qui a toujours été rétif à son éducation femelle), tout se gâte. Sa voix est devenue grave. « Elle » ne veut pas porter de robes. « Elle » veut jouer à des « jeux de garçons ». « Elle » est attirée par les filles.
A 13 ans, l’être hybride (dé)construit par Money menace de se suicider. La créature du docteur Frankenstein (c’est ainsi que David-Brenda se décrira) se rebelle. « Elle » refuse la vaginoplastie que Money veut lui imposer. Et « elle » fait tout – entre-temps ses parents lui ont dit la vérité – pour redevenir David.
Au prix de souffrances (physiques et psychologiques) indescriptibles, David retrouvera sa véritable identité. Et il se mariera.
Mais le cauchemar, l’enfer, dans lequel Money a jeté les jumeaux, ne s’arrêtent pas pour autant. En 2002, Brian se suicide. Deux ans plus tard, dévasté, David se suicide à son tour.
Interpellé par de nombreux scientifiques, dont Milton Diamond, professeur d’anatomie et de biologie reproductive à l’université de Hawaï, John Money répondra qu’il est victime d’un complot ourdi par des gens pour qui « la masculinité et la féminité seraient d’origine génétique ». Un « complot » qui rassemble des centaines et des centaines de gens, alors… Le plus dingue, c’est que ce dingue a des adeptes – y compris en France – et qu’on les laisse continuer à propager leurs dingueries.
(1) « La nature avait fait de lui un garçon : il fut élevé comme une fille ». Je dois d’avoir pu livre ce livre à l’amitié et à la diligence d’Anne Lys dont je vous recommande chaleureusement le blog de combat et de fidélité : Ligne droite.