Par Caroline Parmentier
Les Dibrani retentent leur chance. Ils ont bien raison. La France nourricière a tellement encore de ressources et de possibilités à leur offrir ! Même à eux qui étaient devenus le cauchemar des militants immigrationistes les plus endurants et des lycéens les moins emballés à l’idée de retourner en cours.
L’avocate française des parents de Leonarda – qui ont obtenu l’aide juridictionnelle gratuite – a déposé lundi un recours contre leur expulsion et demande un titre de séjour « vie privée et familiale ». On se souvient que le préfet du Doubs avait refusé la demande d’admission exceptionnelle au séjour de cette famille de Roms kosovars clandestins (alors que dans le même temps deux autres familles de sans-papiers y ont eu droit) tout simplement parce que leur dossier était indéfendable. Et le rapport de l’Inspection générale de l’administration, accablant.
Le père, Resat Dibrani, passait en boucle à la télé… Jusqu’à ce que l’on s’aperçoive de l’effet désastreux provoqué (un cas emblématique, bon à mettre le FN à 35 % aux prochaines européennes). Menteur en série, il n’avait jamais donné suite aux propositions d’embauche qui lui étaient faites ni jamais caché attendre le versement des prestations familiales qui suivraient sa régularisation pour assurer un revenu à sa famille. Il avait insulté et menacé plusieurs fonctionnaires des services sociaux, avait été placé en garde à vue pour un cambriolage à Saint-Vit le 14 octobre 2010 et avait été mis en cause comme auteur dans un vol commis dans une déchetterie. La famille Dibrani avait également laissé totalement se dégrader le logement qui lui avait été prêté. Leonarda avait manqué 21 jours et demi de classe en troisième et 66 jours en sixième (essayez d’en faire autant dans votre lycée si vous ne vous appelez pas Leonarda) et découchait fréquemment de chez elle. Elle et sa sœur avaient été prises en charge par les services sociaux après avoir subi des violences de leur père. Elles s’étaient ensuite rétractées.
Le paradis perdu
Les Dibrani avaient tenté le chantage au retour clandestin, la menace contre le président de la République, le chantage au suicide et même demandé que l’on change les ministres français ! Mais toujours est-il qu’aujourd’hui, depuis Mitrovica (où les autorités kosovares ont mis un logement à leur disposition pendant un an) la France, même avec ses ministres déplorables, leur apparaît comme le jardin des délices.
« On veut rentrer en France, parce qu’ici on se sent mal », couine Leonarda. « On est à bout, on meurt de faim, on n’a pas de travail. Comment ma mère, qui va accoucher dans deux mois, va-t-elle nourrir le bébé ? Ils vont nous mettre dehors ! Ils nous ont déjà coupé la télé et internet ! »
Pour Me Yves Claisse, qui avait représenté le préfet du Doubs au tribunal administratif, les Dibrani « ne sont pas persécutés au Kosovo ». Ils souffrent juste de ne pas être assistés comme ils le seraient en France. Il n’y a pas de raison qu’ils n’épuisent pas tous les recours : « Le contentieux, c’est le seul moyen de faire vivre, artificiellement, leur demande d’asile. » La procédure devrait durer six à neuf mois. Après la cour d’appel de Nancy, les Dibrani ont encore la possibilité de saisir le Conseil d’Etat, puis la Cour européenne des droits de l’homme.