Expo – Les Tudors

Les Tudors prennent leurs appartements au musée du Luxembourg. La dynastie a régné sur l’Angleterre de 1485 à 1603, non sans remous et pour le malheur des catholiques et de l’Irlande… Deux fortes personnalités ont marqué l’histoire, Henri VIII et sa fille Elisabeth Ire, chacun régnant une quarantaine d’années.

Premier de la dynastie, Henri VII. Il met fin à la guerre des Deux Roses en battant Richard III en 1485. Il règne jusqu’en 1509. Un artiste originaire des Pays-Bas a réalisé de lui un petit portrait remarquable : sur un fond bleu cæruleum, le roi aux yeux et cheveux gris offre une image digne et modeste de la royauté.

Six épouses

Son fils Henri VIII est une tout autre personnalité. Son long règne est marqué par une consommation d’épouses sans commune mesure. Se suivront :

– Catherine d’Aragon, mariage annulé ;

– Anne Boleyn, décapitée pour adultère, inceste et haute trahison ;

– Jeanne Seymour, morte en couches ;

– Anne de Clèves, répudiée ;

– Catherine Howard, décapitée pour adultère et trahison ;

– Catherine Parr, qui survivra à son Barbe-Bleue de mari mort en 1547.

Les affaires matrimoniales d’Henri VIII ont comme conséquence de mettre l’Angleterre hors de l’Eglise romaine. Le pape ayant refusé d’annuler son premier mariage, Henri VIII prend la tête de l’Eglise d’Angleterre. Dès lors, les hostilités sont déclarées entre catholiques, anglicans et protestants plus radicaux.

Trois demi-frères et sœurs succèdent à leur père Henri VIII. Edouard VI, sous qui l’Angleterre se calvinise ; Marie Ire, qui rétablit le catholicisme ; Elisabeth Ire, dite la reine vierge, qui remet l’Angleterre dans la voie du protestantisme.

 

 

Unknown-6Quelques grands artistes

L’exposition est essentiellement une galerie de portraits princiers, en raison du sujet et parce que, avec la Réforme et l’iconoclasme, l’art anglais au XVIe siècle se cantonne au portrait.

Henri VIII apparaît très sûr de lui et imposant sur les portraits de Joos van Cleve ou d’Holbein le Jeune. Holbein, portraitiste exceptionnel, trouve à la cour d’Angleterre une situation à la hauteur de son talent. Portrait d’Anne de Clèves (une miniature pleine de délicatesse), portraits d’Edouard VI qu’on voit grandir sous son pinceau… Le bébé princier puis le très jeune roi a inspiré aux peintres des tableaux aussi frais et juvéniles que son visage.

Un autre artiste remarquable est celui dit « Master John » (avec des attributions mal assurées parfois). Dans les années 1540 il peint Catherine Parr, Marie Ire. Le portrait de cette dernière est superbe. Sur fond bleu de cobalt, son justaucorps orange à manches rouges fait merveille. Comparer ce tableau lumineux, rayonnant, à celui que peindra dix ans plus tard Anthonis Mor (ou Antonio Moro) : plus « réaliste », mais de couleurs enfumées et pisseuses.

A partir d’Elisabeth Ire, peu de beaux portraits – de la peinture d’apparat. Un artiste, spécialisé, peint le riche costume scrupuleusement, sans souci d’ensemble, puis un second artiste peint le visage qui, au milieu des pierreries et autres broderies, disparaît. Absurde !

On ne manquera pas les dessins de François Clouet qui présentent des personnages annexes : Marie Stuart, reine d’Ecosse exécutée en 1587 ; ou notre futur Henri III, duc d’Anjou, avec qui Elisabeth Ire envisage de se marier dans les années 1570. Elle préférera une fois de plus le célibat. En fin de compte, il n’y aura eu qu’une seule Tudor mariée à un roi de France : la sœur d’Henri VIII, Marie, que Louis XII épousa en secondes noces.

Le romantisme a puisé de nombreux sujets de drames et de peintures dans l’histoire des Tudors. Récemment une série télévisée a raconté les mariages, les intrigues et les crimes de la dynastie, entre histoire et fiction, fantasmes et réalités. Mais qu’est-ce que tout cela à côté d’un tableau d’Holbein ou de Master John ?

• Les Tudors. Jusqu’au 19 juillet 2015, musée du Luxembourg.

 

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