Quoi de plus naturel pour Chesterton que de conter l’aventure de Saint François d’Assise, ce « jongleur de Dieu »

Depuis quelque temps, il existe une véritable actualité éditoriale autour de Chesterton, ce truculent romancier britannique, converti au catholicisme et plein d’humour. Outre les romans, il y a les biographies, notamment celle, bien connue, qu’il a consacrée à saint Thomas d’Aquin. Moins connue, son évocation de saint François d’Assise, que les éditions « Le Bruit du Temps » ont eu l’heureuse idée de rééditer. En effet, quoi de plus naturel pour Chesterton que de conter l’aventure de ce « jongleur de Dieu » qui, bien que promis à une vie rangée et bourgeoise, sauta un jour dans l’inconnu ? Ce jongleur de Dieu naît à l’ombre des hautes murailles d’Assise et grandit en rêvant d’honneurs, de chevalerie, d’armures. Pourtant, sa cuirasse ne sera que de bure. Blessé par une humiliante défaite infligée par la rivale Pérouse, il est en outre bouleversé par sa rencontre avec un mendiant qui frappe à la porte de sa boutique. François change de vie. Il s’occupe des lépreux. Devient mendiant, prêcheur, laudateur, fondateur, bâtisseur. Ascète, aussi. C’est là l’un des points forts de ce bel ouvrage : alors que certains seraient tentés de réduire François à un « ravi », un ami des bêtes ou un humanitaire, Chesterton n’élude rien de sa spiritualité ni de son ascétisme. Au contraire. Car « raconter l’histoire d’un saint sans parler de Dieu », ce serait comme « écrire la vie de Nansen en vous interdisant de parler du pôle Nord ».

G.K. Chesterton, Saint François d’Assise, Le Bruit du Temps, 240 pages.

Tugdual Fréhel

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