L’horreur absolue !

Un billet de Cicéron*

Dimanche dernier, je traversais le beau département du Gers en voiture, après un bon repas. Mon épouse conduisait, c’était l’heure de la sieste et je me laissais aller à une douce somnolence, tentant tout de même d’admirer entre mes yeux mi-clos le paysage verdoyant parsemé de maisons de pierre ocre. Soudain, au cœur d’un village, je poussai un cri d’horreur ! Un instant, je crus que je faisais un cauchemar mais le rappel à l’ordre de ma femme, émue par mon hurlement, me prouva que je ne rêvais pas. Sur la bâche protégeant la terrasse d’un restaurant le nom de l’établissement s’étalait violemment devant mes yeux hagards : « Snacking de terroir » ! Quelle honte ! Quel rapprochement incongru de deux mots aussi antinomiques et en plein cœur du pays de la gastronomie du sud-ouest ! J’en ai, aujourd’hui encore, des nausées… Ce réveil brutal me ramena à la triste réalité de notre époque, à l’avilissement de notre langue jusqu’au pays des Mousquetaires, du foie gras et de l’Armagnac. Je passai le reste du voyage à trembler d’angoisse à l’idée que nous n’avions peut-être pas encore tout vu !

*extrait du livre Les maux pour le dire, paru en novembre 2012 aux Editions Atlantis.

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27 Comments

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  • 0 / 10
  • gerard , 31 janvier 2013 @ 8 h 35 min

    C’est vrai qu’aujourd’hui pour faire bien il ne faut employer que des mots anglais,je vois que même dans mon entreprise nos chers cadres en usent et en abusent lors de nos réunions,j’ai bien dit réunion et non ” brifing” comme ils disent les cerveaux !!!

  • Murex64 , 31 janvier 2013 @ 8 h 52 min

    Depuis des décennies il y a bien ( chez moi ) : Spécialités basque- Pizzeria ou plus fort Restaurant Indien- Spécialités du Sud-Ouest… Si le Français avait moins l’amour de ” l’exotisme”…

  • J. Elsé , 31 janvier 2013 @ 9 h 35 min

    Pendant qu’on nous colonise de partout, leur Président de la République (la nôtre) fait repentance des progrès que lon a apporté dans nos ex colonies à une époque où, il faut le souligner, cétait normal d”aller porter la “bonne parole” aux sauvages. Autres temps, autres moeurs : aujourdhui il est normal que les “sauvageons”, vous savez, “la chance pour la France”, brûlent des voitures, notre drapeau ou des écoles, violent des jeunes filles, torturent des petites vieilles, trafiquent de tout et “niquent la France”. On leur a donné notre culture du bien, ils nous remercient en nous donnant leur barbarie… Il est vrai que chacun donne ce qu”il a, qu”il peut !

  • theofrede , 31 janvier 2013 @ 10 h 28 min

    si la République n’avait pas privé les Gascons de leur langue, de telles horreurs ne se verraient pas; je sais de quoi je parle, je suis moi-même issu d”un département du pays d”Oc qui fut représenté au Parlement pendant un demi-siècle par mon arrière grand-père, fervent républicain, qui n”aurait certainement jamais été élu s”il n”avait parlé la langue de ses électeurs; quand mon arrière grand-mère partait passer l”été à la campagne chez ses parents avec ses deux fils, elle avait l”ordre de son mari de faire un tri parmi les gamins du village: seuls ceux qui parlaient français avaient le droit de jouer avec les fils de Monsieur le sénateur : ceux-ci ne devaient parler que la langue de la République; le résultat fut que mon grand-père adhéra à l”Action Française, mais ne sut jamais un mot de patois, que je connaissais mieux que lui, quant au village en question, on y parle toujours un français de vache espagnole, mais le patois a disparu, vive la République !

  • Bill , 31 janvier 2013 @ 10 h 30 min

    Solution pour sauvegarder notre langue : trouver le mot qui convient . C’est ainsi que le ” brain storming ” a été traduit en ” remu méninges ”
    Il suffit donc de se remuer les méninges

  • GIL Louis , 31 janvier 2013 @ 11 h 05 min

    Je suis gascon et ce mot m’aurait sauté aux yeux , à moi aussi, comme un coup de pied aux fesses. Ce ne peut être que l’acte d’un voisin britannique exilé, qui se comporte comme un envahisseur ( il en existe). Ou d’un local déboussolé ( çà existe aussi).

    Pour rester dans ce terroir, qu’il revendique avec raison, je propose, après d’autres plus savants
    que moi : Minja viste ou encore : Minja leù-leù , si vòs .

    C’est aussi parlant !

  • Jo , 31 janvier 2013 @ 12 h 28 min

    Je me souviens d’un dessin humoristique de ma jeunesse :
    Une route départementale.
    Sur la gauche, le vieux bourg et ses maisons anciennes avec les enseignes “pressing” “snack bar” etc.
    Sur la droite l extension moderne du village et ses maisons modernes avec les enseignes “au vieux lavoir”, “au coin du feu”, etc.

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