Situé aux confins du Périgord et bâti sur l’emplacement d’une forteresse médiévale du XIe siècle, le château de Biron a subi de nombreux dommages comme en témoignent ses différents types d’architecture. Il est le résultat de constructions, de modifications, de reprises et d’ajouts entrepris par les seigneurs successifs de Biron. En fait, chaque siècle, entre le XIIe et le XVIIIe, a laissé son empreinte sur cet édifice monumental qui offre un ensemble architectural exceptionnel.
Trois phases marquent le développement du château de Biron qui a connu les revers de fortune et les changements de goût. En 1180, un premier château-fort à donjon central est construit sur la partie sud-est du sommet de la butte. Dévasté en 1212 par Simon de Montfort, chef de la croisade albigeoise, il est de nouveau au cœur de la tourmente pendant la guerre de Cent Ans, sans arrêt disputé entre les partisans des rois d’Angleterre et ceux des rois de France. Il est très endommagé au terme du conflit. À la fin du XVe siècle, Pons de Gontaut rénove le château dans un style renaissance italienne, mêlé à un gothique tardif et flamboyant.
Un deuxième château est édifié sur le côté est de la cour supérieure où les appartements du logis sont beaucoup plus vastes que ceux de l’ancien château. La construction de la chapelle date de cette époque. Les seigneurs de Biron n’ont alors de cesse d’embellir et de rendre plus confortable la demeure ancestrale. Un peu moins d’un siècle plus tard Armand de Gontaut-Biron pense à nouveau à transformer ce château, qui ne correspondait déjà plus à son temps. Une campagne de travaux permet d’édifier un troisième château. En 1602 le gros œuvre est terminé. En 1715 Charles Armand entreprend à son tour de grands travaux : la voûte de la grande cuisine (1721), la belle loggia à six colonnes jumelées ainsi qu’un énorme escalier descendant dans le jardin. Mais on détruit aussi beaucoup des réalisations de l’ancêtre Pons.
De 1729 à 1783, on s’occupe de la décoration intérieure. Une vaste enceinte entoure la basse-cour. Elle est flanquée par la tour ronde Saint-Pierre, reconnaissable à sa toiture en poivrière et à ses canonnières. À l’autre extrémité de la courtine s’élève la tour carrée de la conciergerie, dotée d’impressionnants mâchicoulis sur consoles. Elle a été remaniée au XVIe siècle, ornée de deux superbes fenêtres à meneaux d’inspiration italienne et flanquée d’une tourelle. Une galerie à la charpente de chêne lui est accolée. Elle abrite trois larges baies en anse de panier d’époque Renaissance. La chapelle castrale, également d’époque Renaissance, trône au sud. On pénètre dans cette chapelle par une belle porte en anse de panier. Elle contient notamment les gisants de Pons de Gontaut et de son frère Armand. C’est un vaisseau unique, très clair divisé en trois travées. La croisée du transept combine ses ogives avec le chœur, formant une voûte en étoile dont les clefs pendantes ont disparu. La chapelle, dominée par un clocher à bulbe, est couverte d’une toiture d’ardoises entourée d’une balustrade en dentelles de pierre.
Au nord-est enfin, s’élèvent les petites écuries, flanquées d’un bâtiment que l’on appelle La Recette, sans doute un ancien lieu de perception de taxes. On y remarque notamment un bel escalier à vis et une splendide charpente. On accède à la cour d’honneur par un escalier aboutissant à une plate-forme, puis grâce à un beau passage sur croisées d’ogives. Cette haute cour est cernée de la salle des États à l’ouest. Son sous-sol abrite une immense cuisine voûtée. Le portique percé au sud, offre une vue imprenable sur les alentours. À l’est s’élève le logis seigneurial, datant pour l’essentiel du XVIe siècle. On y découvre plusieurs salles de grand intérêt, parfois avec parquet et lambris. Une cheminée magnifique est visible dans la salle commune. La salle des tortures est une reconstitution récente où rien ne manque : fers rouges, table à écarteler, matériel utile au supplice de l’eau, des cages où l’on enfermait les prisonniers pour être sûr de les retrouver en piteux état le lendemain. Tout à côté, la prison… Le château de Biron a bénéficié de modifications et d’apports successifs pendant huit siècles. C’est d’ailleurs la multiplicité des styles représentés avec harmonie dans les différents éléments d’architecture qui fait le charme du château.