Les rapports de l’Assemblée nationale sont toujours fastidieux mais il est souvent fort utile d’en lire tout ou partie. C’est ainsi qu’en étudiant le rapport de la commission d’enquête sur les conditions d’abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français, l’on vérifie que les viande halal et casher sont délibérément commercialisées sans aviser les consommateurs pour mieux enrichir les marchands de bidoche. Ils ont peur, à juste titre, que l’on achète plus ce type de viande et donc le dissimulent avec l’assentiment des pouvoirs publics, le justifiant, comme l’exprime sans vergogne, dans cette vidéo, le Président d’INTERBEV, par le fait qu’étiqueter serait “discriminant”… donc mieux vaut mentir par omission pour soumettre la très grandes majorité des Français à des pratiques alimentaires rituelles somme toute encore minoritaires. Le président d’INTERBEV précise que ces modes d’abattage seront présent dans les débats préalables à la présidentielle et semble le craindre… qu’il se rassure, pour mieux arnaquer la majorité, les “honorables” candidats à la Présidentielle ne touchent jamais à ce qui fâche les minorités ! Pour preuve: récemment, cette question ne fut jamais évoquée…CQFD
Extrait du rapport relatif à l’étiquetage
“a. La fausse bonne idée de l’étiquetage
La première solution envisageable est celle de l’étiquetage des produits indiquant s’ils sont issus ou non d’un abattage avec étourdissement. Cette demande part du constat qu’un certain nombre de carcasses, ou du moins certaines parties de l’animal, abattues rituellement se retrouvent dans le circuit traditionnel et non casher ou halal. Cela est vrai en particulier pour les arrières des animaux abattus selon le rite casher qui ne sont jamais consommés par la communauté juive en France. Cela peut être également vrai pour certaines carcasses qui ne seront pas validées halal selon le cahier des charges des certificateurs.
Aussi, de nombreuses associations de protection animale demandent-elles que le mode d’abattage figure sur les étiquettes afin que le consommateur puisse faire un choix éclairé. Ainsi, Mme Brigitte Gothière, porte-parole de l’association L214, estime-t-elle que « si l’étiquetage permettait au consommateur de connaître le mode d’abattage des animaux, si les consommateurs étaient informés, sans doute achèterait-on moins de ces produits-là. Il est vrai que nous ne sommes pas toujours cohérents, et que nous achetons parfois des produits peu chers dont nous savons qu’ils ne sont pas les meilleurs – tout le monde trouve très bien d’acheter les produits biologiques, mais l’on n’achète pas que cela … Mais un étiquetage spécifique serait malgré tout facteur de progrès : au moins, il provoquerait un débat. » (180)
Cette question n’est pas nouvelle et a déjà suscité l’objet de nombreux débats. Elle a, en particulier, fait l’objet d’une étude de la Commission européenne dont les résultats ont été publiés en 2015. M. Bernard Van Goethem, directeur à la direction générale santé et sécurité alimentaire de la Commission européenne, indique que « l’étude n’apporte pas de preuve flagrante que l’information serait remarquée ou comprise par les consommateurs, la plupart d’entre eux n’ayant pas une connaissance précise du processus d’abattage. » (181)
M. Denis Simonin, administrateur en charge du bien-être animal à la direction-générale santé et sécurité alimentaire de la Commission européenne, précise que « l’étude […] menée a montré que le consommateur n’était pas nécessairement à la recherche d’informations sur ce point de vue précis. L’étiquetage obligatoire crée un gradient entre les différentes normes relatives au bien-être. Or à mon sens, aujourd’hui, le consommateur ne veut pas de gradient : lorsqu’il mange de la viande, il estime que les choses doivent être bien faites, basta ! C’est un peu l’impression que j’ai eue en travaillant avec les consultants responsables de l’étude. » (182)
Cette analyse est confirmée par Mme Maria Celia Potdevin, chargée de mission alimentation et agriculture au sein de l’association de consommateurs Consommation logement et cadre de vie (CLCV) : « Avant d’en arriver à défendre l’idée d’un label qui couvrirait toutes les phases de la vie de l’animal jusqu’à sa mise à mort, nous nous sommes posés la question de la pertinence de faire figurer sur l’étiquetage le procédé d’abattage, avec ou sans étourdissement, pour en arriver finalement à la conclusion que le consommateur était sans doute trop éloigné des pratiques utilisées dans l’agriculture ou la transformation industrielle pour en avoir une compréhension suffisante. Il n’est pas certain que cela lui apporte grand-chose, si ce n’est un peu plus d’angoisse. » (183)
En outre, selon l’ensemble des professionnels entendus par la commission, une telle solution aurait des conséquences économiques directes que présente M. Mathieu Pecqueur, directeur général adjoint de Culture viande : « La mise en place d’un étiquetage aurait pour conséquence l’arrêt de l’abattage sans étourdissement dans la plupart des abattoirs, compte tenu des contraintes économiques que cela entraînerait. Même si un décret prévoit qu’il est indispensable de répondre à une commande dès lors que l’on abat un animal sans étourdissement, on sait très bien que les pratiques du culte font qu’une partie de l’animal ou certaines carcasses ne seront pas validées viande halal par les cahiers des charges et qu’elles devront du coup passer dans le circuit conventionnel. Mais si elles sont étiquetées « abattage sans étourdissement », je ne trouverai pas de distributeur pour les commercialiser. » (184)
Position que partage M. Stéphane le Foll, ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt : « Vous m’avez interrogé sur la mise en place d’un étiquetage, en particulier pour la viande casher. C’est vrai, dans le rite casher, on ne mange que l’avant de l’animal. Or, jusqu’à nouvel ordre, un animal est génétiquement composé de deux parties et c’est tant mieux… Vous me dites ne pas vouloir manger le quartier arrière d’un animal qui aurait pu être abattu selon le rite casher. La probabilité est assez limitée, l’abattage casher n’étant pas aussi répandu que l’abattage halal. Mais le risque existe ; c’est donc une question de principe. Que va-t-il se passer si l’on met en place un étiquetage ? Il sera indiqué sur la barquette que l’animal a été tué selon le rite casher. Du coup, la moitié de l’animal ne sera pas commercialisable, alors même qu’il s’agit des parties arrière que nous, nous considérons comme les plus nobles… Autrement dit, c’est la fin. Chacun défend son point de vue ; mais pour ma part je ne suis pas favorable à l’étiquetage. » (185)
Pour votre rapporteur, s’ajoute à cela une difficulté d’ordre éthique : l’animal ayant été abattu, risquer de ne pas voir sa viande consommée en tout ou partie est un gaspillage difficilement admissible.
Outre ces difficultés économiques, le risque de stigmatisation est réel et ne doit pas être sous-estimé. Ainsi, M. Joël Mergui, président du Consistoire central israélite de France, souligne-t-il que « s’agissant de l’étiquetage, nous avons tendance à considérer que l’indication de la méthode d’abattage constituerait une stigmatisation […]. En outre, pour que l’information du consommateur soit complète et que la communauté musulmane et la communauté juive n’aient pas l’impression que leurs pratiques religieuses sont entravées, il faudrait prendre en considération d’autres critères en indiquant, par exemple, les ratés – 16 % des cas – qui entraînent forcément des souffrances, ou encore, pour les porcs, si la bête a été gazée au dioxyde de carbone. » (186)
Pour votre rapporteur, cette solution est, en outre, beaucoup moins pertinente depuis la mise en place d’une obligation de traçabilité des prises de commandes qui permet, on l’a vu, d’éviter un abattage rituel de commodité. Les volumes de viande abattue rituellement se retrouvant dans le circuit traditionnel sont donc beaucoup moins importants.
Ce dispositif de traçabilité doit néanmoins être aujourd’hui évalué et amélioré afin de permettre un contrôle effectif des services vétérinaires et il faut également mieux appréhender la réalité des volailles abattues sans étourdissement, les chiffres n’étant aujourd’hui pas disponibles.
Parmi les pistes d’amélioration, il convient d’éviter la distorsion entre la demande rituelle sur des parties spécifiques (par exemple les abats) engendrant des quantités de viande abattues de façon rituelle sans commande spécifique.”