Le Sénat, décor d’une histoire à la John le Carré ? Dimanche dernier, un haut fonctionnaire du Sénat a été arrêté car soupçonné d’espionnage au profit de la Corée du Nord.
Rémi Kauffer, journaliste spécialiste du renseignement et des services secrets, n’est pas surpris qu’une telle affaire éclate : « On sait que les Coréens du Nord (…) seraient prêts à n’importe quoi pour essayer de récupérer des informations. Éventuellement des informations confidentielles, voire classées défense (…) Donc, en soi ce n’est pas étonnant. »
Le journaliste spécialiste du renseignement et des services secrets, explique qu’il y a plusieurs catégories d’agents : « Il y a ce qu’on appelle l’agent d’influence, qui essaie d’influencer la politique de tel ou tel pays dans le sens des intérêts de la puissance qui l’emploie (…) Et puis vous avez des gens qui font carrément de l’espionnage. C’est-à-dire qui apportent, volent, ou se procurent sous des biais divers, des renseignements, qui peuvent intéresser la puissance qui les emploie et qui les pervertit. »
Pour Rémi Kauffer, l’enquête au Sénat a pris « plusieurs mois » : « Peut-être de l’ordre de huit mois (…) La section contre -espionnage de la DGSI [Direction générale de la sécurité intérieure – NDLR] (…) a visiblement pris le temps de laisser remonter. Comme le pêcheur à la ligne (…) Cela veut dire qu’ils essaient de rassembler le maximum de preuves permettant le cas échéant (…) de traduire la personne en question, devant la justice. »
Interrogé sur la demande d’une enquête interne du sénateur (LREM) André Gattolin, Rémi Kauffer répond : « Ça peut permettre, le cas échéant, de rendre les sénateurs – ou d’autres hommes politiques ou d’autres personnalités – plus vigilants. Parce qu’un certain nombre de services de renseignement sont très pugnaces et utilisent la naïveté des gens, la bonne foi des gens. »