Les Parisiennes

Même si le film à sketches est une invention presque aussi vieille que le cinéma (exemplairement, Intolérance de Griffith) et qu’on peut en voir au cours des années 50 (Adorables créatures de Christian-Jaque), c’est vraiment au cours des années 60 que la mode bat son plein, que ce soit en Italie ou en France. L’avantage de ce type de films, que l’on pourrait apparenter à des recueils de nouvelles en littérature, c’est qu’il permet d’aligner un grand nombre de vedettes au générique et de pouvoir ainsi concurrencer les mastodontes venus d’Hollywood. Les vedettes peuvent être des cinéastes comme ce fut le cas lorsque des producteurs malins profitèrent de l’aura de la « nouvelle vague » pour regrouper ces auteurs vedettes le temps d’un film (Paris vu par…, Les Sept péchés capitaux, Rogopag un peu plus tard). Dans le cas des Parisiennes, il s’agit avant tout d’aligner de nombreux comédiens célèbres ou en passe de le devenir (Catherine Deneuve) mais aussi de surfer sur le succès des yéyés.

Le film est assez curieux dans la mesure où, en dépit d’un fil conducteur extrêmement ténu (faire le portrait de quatre « parisiennes »), il ne possède pas de réelle unité de ton et de contenu. Les deux premiers sketches sont résolument des comédies reposant sur l’abattage des comédiens (Darry Cowl, Jean Poiret) et sur des quiproquos de théâtre de boulevard. Le troisième est d’une tonalité plus grave tandis que le dernier est un véritable véhicule pour Johnny Halliday. De la même manière, les divers segments du film font cohabiter l’ancienne génération (Marc Allégret, réalisateur du dernier sketch) et la nouvelle (Vadim est l’auteur du scénario de l’épisode Sophie).(…)

D’une manière générale, Les Parisiennes est une œuvre assez typique de ce que fut un certain « cinéma du samedi soir » français : de l’humour parfois égrillard mais toujours familial, un érotisme extrêmement désuet mais qui devait faire frissonner les adolescents de l’époque lorsqu’ils apercevaient fugacement un téton sous une chemise de nuit transparente (ici, c’est Françoise Arnoul et surtout Dany Saval qui s’y collent ; Catherine Deneuve restant – hélas- très chaste) et une certaine légèreté. En dépit de ses faiblesses, on hume dans ce film un certain air du temps, que ça soit la folie Bardot qui se ressent dans les coiffures de certains seconds rôles féminins ou encore les yéyés avec, outre Johnny, l’apparition remarquée d’Eddy Mitchell et de ses Chaussettes noires.

Nul doute que les nostalgiques y trouveront, à défaut du bonheur, de quoi sourire et de ressentir un petit pincement au cœur d’émotion…

Les Parisiennes (1962) de Jacques Poitrenaud, Michel Boisrond, Claude Barma, Marc Allégret avec Catherine Deneuve, Johnny Hallyday, Darry Cowl, Dany Saval, Dany Robin, Françoise Arnoul, Françoise Brion, Jean Poiret (LCJ éditions)

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