Alors que l’islamiste Erdogan mène la Turquie d’une main de fer et piétine allègrement les Droits de l’homme depuis des années, l’Europe semble découvrir aujourd’hui que le pouvoir d’Ankara n’est pas si fréquentable que cela et s’en émeut. C’est ainsi que, pour dénoncer la « dérive autoritaire » du pouvoir turc, le Parlement européen a demandé jeudi le gel des négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE. Une mesure qui, comble du ridicule, n’a absolument rien de contraignante !
Une grosse plaisanterie
Soutenue par les quatre principaux groupes au Parlement de Strasbourg (conservateurs, socialistes, libéraux et Verts) et adoptée à une très large majorité (479 voix contre 37 et 107 abstentions), cette résolution appelle en effet à « un gel temporaire » du processus d’adhésion entamé en 2005, au prétexte que « les mesures répressives prises par le gouvernement turc dans le cadre de l’état d’urgence sont disproportionnées, attentent aux droits et libertés fondamentaux consacrés dans la Constitution turque » et « portent atteinte aux valeurs démocratiques fondamentales de l’Union européenne ».
Une vaste plaisanterie quand on sait que, depuis son arrivée au pouvoir, Erdogan s’assoit allègrement sur ces « valeurs démocratiques » si chères à l’UE, mène une politique de réislamisation forcée de la société turque, encourage les persécutions contre les chrétiens et autres minorités, et soutient plus ou moins discrètement les islamo-terroristes, dont l’EI.
Une résolution bidon
Une vaste plaisanterie surtout, parce que, là où le Parlement européen devrait exiger l’arrêt immédiat et total du processus d’adhésion de la Turquie à l’UE, il ne fait qu’adopter une résolution n’ayant absolument rien de contraignant pour Ankara.
C’est que le président turc, qui a jugé jeudi cette résolution « sans valeur », a en main un levier capital : celui de la régulation du flux de clandestins vers le vieux continent. Et si plusieurs dirigeants européens se sont opposés à cette résolution, c’est qu’ils savent qu’Erdogan n’hésitera pas à renoncer à appliquer l’accord sur les migrants signé en mars dernier avec l’UE.
Franck Deletraz – Présent