Paganisme postchrétien!

Depuis la terrible tuerie islamiste du 13 novembre, sur chacun des lieux où elle a eu lieu on assiste au défilé ininterrompu de ceux qui veulent s’y recueillir. On offre bouquets, fleurs, pensées, bougies, on y dessine des cœurs, on a même vu un homme y déposer une bouteille de vin. En revanche, dans les églises, on n’a pas manqué de cierges, il n’y en eut pas plus que d’habitude.

Les bougies sont là, sur ce théâtre de mort, seulement pour que brille une petite lumière symbolisant sans doute la flamme du souvenir dans les cœurs oublieux et les mémoires fragiles. Ce n’est pas la fumée qui monte vers les cieux, « Que ma prière soit devant ta face comme l’encens, et l’élévation de mes mains comme l’offrande du soir », chantait le psalmiste. Le moindre « Ave » murmuré, la plus petite prière pour le repos de leur âme eussent été infiniment plus utiles à ces morts, que les milliers de bouquets et de bougies offerts à leur ombre.

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On ne saurait évidemment mépriser ces actes qui témoignent du sain respect que l’on doit aux disparus. Mais honorer ainsi ceux qui ont péri ne doit pas se muer en culte des morts ou des ancêtres. Dans les pagodes, on voit les fidèles déposer des offrandes, fruits, fleurs, pour leurs défunts. C’est une des formes persistantes en Orient de la religion naturelle ; il y a 100 000 ans, les hommes préhistoriques enterraient leurs morts, les entourant de coquillages, de dessins.

Ces rites funéraires primitifs, comme ceux des religions païennes, étaient autant de pierres d’attente de la révélation chrétienne, ils témoignaient de ce que l’être humain n’a cessé de se heurter au mystère de la mort. Mais, après la venue du Christ, les rituels comme ceux qui ont entouré les victimes au Bataclan s’analysent comme une régression païenne, un néo-paganisme postchrétien.

Certes, ces jeunes ont des circonstances atténuantes. Quand ils ont eu des parents chrétiens, ces derniers ont été victimes du néant catéchétique postconciliaire dans les années 70, célébrant la construction de la cité terrestre et non celle qui nous attend dans les cieux. Et parmi ceux qui, aujourd’hui, se sont hasardés à aller à la messe dans une paroisse ordinaire, combien ont entendu un sermon sur les fins dernières ?

Guy Rouvrais – Présent

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