L’Algérie va expulser 3000 migrants nigériens. C’est le Premier ministre du Niger qui l’a annoncé sans, d’ailleurs, trouver à redire à cette mesure. Ces migrants sont en majorité des femmes et des enfants, et vivent – ou plutôt survivent – en se livrant à la mendicité. Qu’on puisse vouloir mendier à Alger, Oran ou Constantine donne une idée assez précise de l’effroyable misère qui règne au Niger.
Pour arriver en Algérie ces malheureux, ces misérables, au sens que Victor Hugo donnait à ce mot, ont dû traverser le désert. Les cadavres desséchés de ceux qui n’ont pas survécu à cette épreuve jalonnent cette route infernale.
On meurt aussi bien dans les sables que noyé en Méditerranée. Mais l’Algérie vaut bien ça. Car vu du Niger c’est le paradis.
Et vu d’Algérie le paradis, pour des centaines de milliers de jeunes Algériens sans travail, c’est la France. On voit bien ainsi que tout est relatif. Très relatif. Selon que vous mourrez de faim au Niger ou selon que vous vivez dans la pauvreté en Algérie. Aucun pays, aussi riche et aussi peu riche soit-il, ne peut accueillir toute la misère du monde.
C’est vrai pour l’Algérie comme pour la France. L’expulsion de 3000 malheureux Nigériens n’a pour l’heure suscité aucune protestation. Alors qu’un seul clandestin embarqué par les autorités françaises dans un avion en partance pour Alger soulève un bruyant concert d’indignation. On remarquera avec intérêt que le gouvernement algérien ne se joint jamais à ce concert. On le comprend. Et on le comprend encore mieux quand on voit comment il règle le cas, de façon plutôt expéditive, des clandestins nigériens.
Mais, objectera t-on, comparaison n’est pas raison. L’Algérie n’est pas la France qui est un pays très riche comparé à elle. C’est vrai. Si on se place du point de vue des associations françaises dont la raison d’être est de protéger les clandestins installés sur notre territoire. C’est faux si on se met dans la peau des Nigériens venus mendier en Algérie. Allez donc leur demander si l’Algérie n’est pas un pays riche ?
Il faut prendre acte de la décision algérienne. On peut bien sûr la commenter, la critiquer ou l’applaudir. Certains jugeront qu’il est à l’honneur de la France de ne pas ressembler, s’agissant de l’immigration, à l’Algérie. D’autres estimeront au contraire que nous ferions bien de nous inspirer de l’exemple algérien.