La nouvelle vient de tomber, le cresson de Méréville (Essonne) va faire son entrée dans la prestigieuse liste du patrimoine immatériel mondial de l’humanité, dressée par l’Unesco ! Ce n’est même pas une blague. On peut avoir beaucoup de respect pour les producteurs de cresson tout en se demandant ce que vient faire l’Unesco là-dedans. Et pourquoi pas la galette-saucisse du Roazhon Park ou le kebab pur gras de Barbès, issus eux aussi d’un savoir-faire et d’une longue tradition ? Cela prêterait à rire si l’Unesco n’était pas financée par nos impôts…
Créé en 1945, cet organisme a pour intention première de préserver la paix par la culture et l’éducation. Dans le domaine du patrimoine, il a établi une liste recensant les « biens culturels et naturels présentant un intérêt exceptionnel pour l’héritage commun de l’humanité », et ce depuis 1978. C’est tout à fait louable. On applaudit, d’autant plus qu’il y a eu un précédent renommé : dix ans auparavant, les temples d’Abou Simbel avaient été sauvés des eaux, grâce à l’action de l’Unesco – ça y est, la culture va rapprocher les peuples et renforcer leur amitié.
Sauf que…
Au fur et à mesure des années, l’Unesco est devenu un « machin », très lourd (653 millions de dollars de budget annuel), fortement teinté d’idéologie tiers-mondiste, qui veut faire le bonheur des peuples avec ou sans eux et qui adopte une vision très universaliste et égalitariste, faisant fi de la réalité, forcément complexe.
Un exemple ?
Vous avez peut-être entendu parler des églises rupestres de Lalibela, en Ethiopie. Ce site exceptionnel regroupe onze édifices creusés dans le roc au XIIIe siècle et forme un haut lieu spirituel de la chrétienté éthiopienne pluri-millénaire. Fort logiquement, les populations locales ont utilisé ces bâtiments… et les ont dégradés peu à peu – c’est dommage, mais c’est la vie – et nous autres Français n’avons pas de leçons à donner – les Guerres de religion et la Révolution ayant été, avec les deux guerres mondiales, les périodes les plus destructrices de l’histoire de France. Au lieu de sensibiliser les populations à leur patrimoine et les aider à le restaurer, l’Unesco a demandé au gouvernement de… déplacer les populations. Il fallait bien laisser la place aux touristes et aux experts ; l’éleveur local n’avait qu’à dresser ses vaches à la propreté et les familles à faire du tri sélectif et utiliser des toilettes sèches. Non mais !
En revanche, quand les gros intérêts financiers sont en jeu, étrangement, l’Unesco adopte une attitude plus conciliante. On sait, par exemple, que les immenses usines à touristes flottantes que sont les paquebots de croisières dégradent fortement la lagune de Venise, elle aussi inscrite sur la liste, et la menacent directement. Pas grave, cela ramène des capitaux, qui vont même peut-être bénéficier indirectement au patrimoine – c’est un peu le serpent qui se mord la queue. On a bien pris quelques mesurettes inefficaces pour pallier ce problème, mais guère plus. Selon que vous serez puissant ou misérable…