La pénible crise des prédateurs sexuels cléricaux qui agite l’Église des États-Unis, et bien au-delà, a connu ce week-end un développement important.
Rappelons que cette crise est assez différente de celle de 2002. Elle est née des révélations glauques (spécialement pour les catholiques dont je suis, écœurés du comportement de certains de leurs dirigeants) sur les mœurs du cardinal McCarrick, ancien archevêque de Washington, qui a abusé de prêtres et de séminaristes.
Ce qui implique une triple différence par rapport à ce que l’on avait appelé (à tort) la « crise pédophile » de 2002.
Tout d’abord, il est question ici, très largement d’éphébophilie (amour des jeunes gens) et non de pédophilie.
Ceux qui suivaient ces affaires sordides le savaient avec certitude, au moins depuis les rapports du John Jay College of Criminal Justice. Mais c’est désormais clair pour tous les observateurs – même si bon nombre d’entre eux préfèrent regarder ailleurs, pour ne pas s’opposer au puissant (surtout aux États-Unis) lobby gay.
La deuxième différence majeure concerne le fait qu’il ne s’agit plus de simples prêtres, mais de prélats prestigieux.
Par conséquent, l’un des enjeux principaux de la crise actuelle consiste à savoir comment mettre fin aux pratiques du lobby dans l’Église.
Ce que l’on en sait, à l’heure actuelle, est qu’il fonctionne comme une mafia, promouvant et protégeant les siens et imposant le silence aux autres, notamment par la terreur et l’abus d’autorité.
Or, une étape importante pour le progrès de la vérité a été franchie ce week-end.
Dans la nuit de samedi à dimanche, Mgr Vigano, ancien nonce apostolique à Washington, a publié un long témoignage – que j’ai immédiatement traduit en français – sur les prélats qui avaient couvert les agissements de l’ex cardinal McCarrick (il a dû démissionner de son cardinalat le 28 juillet dernier).
Avec un luxe impressionnant de précisions, l’ancien représentant du Saint-Siège accuse plusieurs prélats importants des États-Unis, mais aussi du Vatican, d’avoir connu les agissements de McCarrick et de l’avoir protégé.
Plus important encore, il affirme que Benoît XVI avait condamné McCarrick à rester cloîtré et que cette peine a été révoquée par le Pape François.
Avec ce témoignage (qui en appellera sans doute d’autres), pour la première fois, la mafia qui a pris le contrôle de secteurs importants de l’Église en Occident, et qui profite de sa position pour tenter de faire évoluer la doctrine et la morale catholiques, se trouve en pleine lumière.
C’est un événement d’une importance considérable, même s’il est probable qu’il contribue à « remuer la boue ».
Il est assez remarquable que, dans cette nouvelle crise, à l’inverse de celle de 2002 – et cela constitue la troisième différence majeure –, les révélations ne sont plus le fait d’anti-catholiques fanatiques.
Au contraire, elles sont le fait des catholiques américains les plus conservateurs. Ce n’est pas un hasard, par exemple, si le témoignage de Mgr Vigano a été publié en premier sur le site pro-vie LifeSiteNews.
Le vent « populiste » qui souffle un peu partout sur l’Occident semble toucher aussi l’Église et les fidèles se saisissent enfin d’une question qui les regarde de près, mais que le cléricalisme aurait bien aimé garder dans des cénacles discrets.
En tout cas, cette affaire terrifiante, aux ramifications nombreuses, est aussi la preuve que la meilleure façon de résister à un système d’oppression de type mafieux ou totalitaire est encore la Vérité !