https://www.youtube.com/watch?v=y9XN3NzD3oo
En 2016, un grave incident diplomatique advint entre Nice et Antibes, villes distantes de 22,8 kilomètres, à cause d’un pan bagnat. A Nice, il est deux sujets avec lesquels on ne plaisante jamais: la composition de la salade niçoise et la recette du pan bagnat ! (Parfois la pissaladière, la poutina, la socca mais ça c’est pour les très intiés.)
Donc, le père Chalard, curé d’Antibes, après avoir lu un article parlant de start-up près de monuments historiques ou religieux, eut l’idée de profiter la réhabilitation de la chapelle de La Garoupe pour créer une boutique de souvenirs et un snack, lieux conviviaux pour évangéliser.
Mais dans son snack, l’on y sert du pan bagnat antibois… Tout d’abord, le pan bagnat, c’est niçois et le “sien”, en plus contenait, oh sacrilège!, de la salade verte!
Le pan bagnat de la discorde…
Heureusement pour lui, il n’avait pas commis les péchés habituels consistant à appeler cet objet de culte: pain bagnat ou à insérer un trait d’union entre les deux termes.
Le pan bagnat c’est codifié! Bien que m’étant souvent adonnée à l’exploit qu’est en manger depuis mon enfance, puis en ayant fabriqué un certain nombre, j’ai préféré vérifier la moindre information concernant cette recette sacrée auprès de la plus haute instance mondiale habilitée à en décider la Commune libre du pan bagnat (voir la vidéo assermentée).
“Plat de pauvre par excellence, le pan bagnat doit son nom à son origine. En effet, pour pouvoir utiliser le pain rassi (même dur), les ménagères niçoises le “ramollissait” en le passant sous un filet d’eau ( par ailleurs, c’était aussi un moyen efficace de “rafraîchir” le pain), d’où son nom de pan bagnat, pain mouillé ( plus littéralement : pain baigné).
Ce pan bagnat était ensuite ajouté, pour lui donner plus de consistance, à la salade niçoise, ou pour les plus pauvres, à une simple tomate coupée en quartiers et salée afin de lui faire “rendre” le plus de «jus» possible.
Ainsi, s’il tient son nom du fait d’être bagnat c’est avant tout, et surtout, de l’eau ramolissant le pain rassi et du «jus des tomates» plus que de l’huile d’olives (par ailleurs toujours trop chère).
Outre la tomate, et au gré des saisons, on ajoutait des cébettes ( petits oignons frais), des petits poivrons verts, des févettes ( petites fèves fraîches), des olives noires, du basilic, de l’huile d’olives (en petite quantité à cause de son prix), du sel, du poivre et des filets d’anchois. En tout état de cause, uniquement des produits du “pays”.
Cette “salade niçoise avec du pain mouillé” était placée dans un saladier préalablement frotté avec une gousse d’ail.
Certains ingrédients ne figuraient jamais ensemble dans un même pan bagnat: thon et filets d’anchois, radis ou cébettes, avec selon les goûts, et au gré du marché ou du porte-monnaie, un peu de vinaigre, des petits artichauts…
Le thon et les oeufs étant réservés aux familles aisées”.
Aux crudité traditionnelles du comté de Nice, s’ajoutent désormais systématiquement: œufs durs, olives noires, anchois, thon… mais jamais de feuilles de salade!!!
Et si les Niçois savaient qu’à Paris, depuis plusieurs années, se commercialisent, sous l’appellation non protégée de pan bagnat, des sandwichs ronds au poulet-crudités-mayonnaise, au saumon fumé-laitue-crème, au jambon-gruyère-beurre…
Porca miseria!