Rien ne prédisposait Pierre Dumarchey, né en 1882, à devenir Pierre Mac Orlan trente ans plus tard. Issu d’un milieu modeste, avec une mère prématurément décédée et un père dépassé par la situation, Pierre est confié avec son frère à leur oncle maternel, agrégé d’histoire et inspecteur d’académie à Orléans. Il suit des études classiques au lycée Pothier, établissement bien connu des Orléanais, mais ses résultats scolaires insuffisants l’empêchent de poursuivre des études supérieures.
Après une première année à l’Ecole normale d’instituteurs de Rouen, Pierre Dumarchey arrive en 1899 à Paris, où il pense avoir trouvé sa voie dans la peinture, à Montmartre. Mais il se trouve rapidement dans une situation précaire. Il revient à Rouen en 1901 et fréquente son port et ses bars, sans pour autant perdre le contact avec Montmartre. Il mène alors une existence quelque peu chaotique et misérable…
En 1905, il prend ses habitudes dans un célèbre cabaret montmartrois, le Lapin Agile, et c’est une étape cruciale de son existence puisque Pierre Dumarchey va y rencontrer de véritables écrivains (Salmon, Apollinaire, Carco) et… sa future femme, Marguerite Duc, fille de la cogérante de l’établissement. C’est cette même année 1905 que naît « Pierre Mac Orlan », interprétation de Pierre, fils (Mac) d’Orléans.
Mac Orlan peaufine les années suivantes l’instruction reçue de son oncle grâce à des voyages à travers l’Europe, tentant vainement de placer ses toiles, écrivant des textes de chansons et dessinant pour la presse humoristique. Entre deux livres de contes, publiés en 1911 et 1914, son premier roman, La Maison du retour écœurant, est publié en 1912. Marié à Marguerite en 1913, mobilisé en août 1914, blessé en 1916 devant… sa ville natale (Péronne), Pierre Mac Orlan est réformé en décembre 1917 et décoré de la croix de guerre. C’est à partir de cette période qu’éclôt l’écrivain, d’abord à travers des livres et recueils inspirés par la guerre.
Bouillonnant, Mac Orlan devient éditeur pour plusieurs maisons, il participe à la vogue des ouvrages illustrés pour bibliophiles, il effectue des reportages pour la presse, à l’image de Kessel, Monfreid ou Colette. Il collabore à des titres comme Paris-Soir, Détective, Le Figaro ou Le Crapouillot. Et surtout, prolifique en diable, il écrit des romans, recourant souvent à ses souvenirs. Les adaptations au cinéma de plusieurs de ceux-ci (La Bandera en 1935 ou Quai des Brumes en 1938) installent définitivement Mac Orlan dans le monde littéraire de l’époque.
Essayiste, dessinateur, poète, grand reporter, dessinateur, romancier ou même scénariste, Mac Orlan développe une personnalité atypique et attachante. Comme une consécration, l’ancien élève laborieux du lycée Pothier est élu à l’Académie Goncourt en 1950.
Spécialiste reconnu de Mac Orlan, Bernard Baritaud lui consacre un ouvrage qui retrace avec réussite les vies d’un grand écrivain français, indépendant entre tous. Une biographie très complète, enrichie par de nombreuses illustrations.
Lu sur Présent