https://www.youtube.com/watch?v=neub499Ba08
La vie est Belge est le curieux titre de diffusion internationale du film belge La Brabançonne. La Brabançonne est l’hymne national belge ; pour qui l’ignorerait, c’eût été l’occasion de le découvrir. Le titre original est d’autant plus pertinent que le film, à travers la rivalité de deux fanfares dans un concours national puis européen, l’une flamande et l’autre wallonne, se veut un appel à la compréhension mutuelle, à la fraternité entre les communautés et à la sauvegarde de l’unité belge si menacée actuellement. Le titre La Vie est Belge fait penser en outre à La Vie est belle, tentative de comédie sur le thème de Shoah, discutée et discutable, et qui n’a absolument rien à voir avec cette comédie musicale belge, ancrée dans l’actualité la plus immédiate.
Les sociétés de fanfares forment en effet une tradition belge séculaire, partagée en Flandre comme en Wallonie. Elles sont souvent issues historiquement des patronages catholiques, chose rappelée dans le film. Elles survivent avec l’aide de mécènes, souvent la grande entreprise de la petite ville, qui financent des dépenses en fait significatives, et des municipalités. Beaucoup de personnages des deux fanfares cumulent fonctions professionnelles et politiques locales. La vie est Belge joue sur ces réalités familières à nos voisins, et qui ont un petit charme d’exotisme pour un public français. Les répliques multiplient les clichés des Flamands sur les Wallons et réciproquement. Les Wallons seraient des bons vivants, fort sympathiques, mais vraiment pas très sérieux ni travailleurs, et aussi enthousiastes que superficiels ; inversement, les Flamands seraient froids, mais très sérieux et travailleurs, fiables dans leurs engagements et promesses…En outre la Flandre est réputée riche, prospère, et la Wallonie en crise permanente. Ces clichés, évidemment contestables voire douteux, reposent nonobstant sur une part de vérité, sur laquelle joue le film.
La vedette capricieuse de l’orchestre wallon, le trompettiste soliste, est débauché par l’orchestre flamand. Les Flamands ont besoin d’un soliste suite au décès tragique de leur musicien à ce poste. Après une tentative d’achat pur et simple, manquée, la responsable de la fanfare flamande sait jouer de l’immense vanité de l’artiste francophone qui, brillant trompettiste assurément, se prend aussi pour un compositeur génial, ce qu’il n’est pas forcément… La vie est Belge mêle comédie musicale, avec des chants dans les deux langues, et comédie pure lors des passages parlés. L’alchimie nous a semblé réussie. L’intrigue repose sur une multitude de coups de théâtres que l’on se gardera surtout de révéler. Au total, dans un genre de distraction pure, La vie est Belge s’avère particulièrement réussie.