Marty South, jeune et robuste campagnarde, aime Giles Winterborne. C’est un forestier bon et timide. Mais Winterborne aime Grace Melbury. C’est la très jolie fille de Mr Melbury, forestier devenu riche grâce à son sens des affaires. En dévotion devant sa fille, il l’a envoyée recevoir la meilleure éducation dans un collège pour jeunes filles bien nées. Lorsqu’elle revient, Giles reprend sa cour, un peu empruntée.
Melbury hésite à lui donner sa fille. Le garçon est robuste et sûr ; mais pauvre aussi. Avoir tant dépensé pour qu’elle s’élève socialement et la voir épouser un homme de son milieu d’origine, c’est tout de même un échec.
Grace n’est pas insensible à Giles qu’elle connaît depuis longtemps. Mais elle a changé. Apparaît un jeune médecin, issu de la meilleure société, Edred Fitzpiers. Il n’est guère riche malgré ses origines mais il a de l’allure et de l’aisance. La beauté de Grace l’attire, son argent aussi. Melbury est séduit : voilà un beau parti pour sa fille.
Le pauvre Giles se voit rejeté : « Mon père dit qu’il vaut mieux pour nous ne plus trop penser à cet engagement, à ce projet que vous savez. » lui dit cruellement Grace en le croisant dans la forêt. Giles est assommé : « S’il est vrai, comme les femmes elles-mêmes le déclarent, qu’elles ne sont jamais plus près de se lier à un homme pour le meilleur et pour le pire que cinq minutes après l’avoir refusé, il est probable que, si Winterborne avait regagné la terre, cela aurait changé des choses, mais il demeura immobile et muet dans son Nieflheim, cette région de brumes qui l’enveloppait, et elle passa son chemin. »
“Grace va alors suivre un autre destin, sous l’influence de son père qui croit ainsi bien faire.
Thomas Hardy, grand écrivain anglais de la fin du XIXè, était passé maître dans l’art de scruter la psychologie et la sociologie amoureuses. Son amour de la nature et ses talents de poète nous donne de surcroit de très belles descriptions : « Le printemps parut assez brusquement : l’espace d’une nuit tiède suffit à libérer les bourgeons depuis longtemps gonflés. On pouvait presque entendre l’élan de la sève dans les vaisseaux des arbres ; les fleurs tardives d’avril s’installèrent sans être vues : on aurait cru qu’elles étaient là depuis longtemps, alors que l’avant-veille il n’y en avait trace ; les oiseaux ne craignirent plus d’être mouillés ; les gens qui ne quittaient pas leur logis annoncèrent qu’ils avaient entendu le rossignol, tandis que ceux qui travaillaient dehors répondaient dédaigneusement qu’il l’entendait depuis quinze jours. »
Voilà du bon roman, un rien désuet, mais si bien écrit.
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