Manifeste du roman populiste

Ouvrage éminent et révélateur de la vie littéraire de l’entre-deux-guerres, le Manifeste du roman populiste peut être redécouvert à ce titre – pour peu que l’on accepte de sortir des sentiers battus – ou bien être lu comme une curiosité littéraire – ce qui n’est pas sans charme.
Outre la référence convenue à L’Hôtel du Nord de Dabit, il ne reste à peu près rien du populisme. L’oeuvre romanesque des fondateurs du mouvement, Léon Lemonnier et André Thérive, est aujourd’hui oubliée.
L’existentialisme, les Hussards, le Nouveau Roman, pour ne citer que des regroupements d’écrivains, n’ont pas tardé à enterrer le populisme. L’histoire de la littérature n’a jamais vraiment compté avec ce mouvement. Raison de plus pour l’exhumer alors que le terme de « populisme » est devenu commun, dans une acception et un usage pervertis par la politique.
André Thérive explique : « Il n’y a pas le moindre propos politique dans l’invention du populisme. L’idée même de peuple en est presque indépendante, car on aurait trop beau jeu à nous répliquer que le peuple ne forme plus une classe à frontières précises, que ses moeurs ni ses aspirations ne sont assez différentes de celles de la bourgeoisie pour mériter d’être un objet singulier d’étude. De plus, il serait un peu insultant d’imaginer en lui un pittoresque savoureux et bizarre, et d’aller lui rendre visite comme au village nègre du Jardin d’Acclimatation. Il faut aussi se garder de penser que, devenue populiste, la littérature souhaite le peuple pour clientèle, et plus absurde encore serait de supposer qu’elle recrutera chez lui ses chroniqueurs et ses romanciers. »

 

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