La loi sur la moralisation de la vie politique est un gros enfumage! (Vidéo)

Où est passée la loi faisant ’obligation à un candidat d’avoir un casier judiciaire vierge pour se présenter à une élection?

L’essayiste Philippe Pascot a récemment publié le second tome de Pilleurs d’État aux éditions Max Milo. Il a répondu à nos questions concernant ce nouveau livre, la loi sur le casier judiciaire vierge des élus qu’il a inspirée, et ses prochains chevaux de bataille comme la transparence des frais de mandat.

Observatoire de la Corruption : Philippe Pascot, pourquoi une seconde édition de Pilleurs d’État ? Quels éléments nouveaux sont apparus depuis la précédente édition, qui faisait déjà le tour de la question de la corruption en France ?

Philippe Pascot : Ce ne sont pas tant des éléments nouveaux que des faits et méfaits que je n’avais pu traiter dans le tome 1. S’y rajoutent des éléments nouveaux que j’ai découverts entretemps et que je me devais de partager avec le plus grand nombre.

O.C. : Début février, l’Assemblée nationale a voté deux propositions de loi correspondant à une idée de longue date de votre part : l’obligation de présenter un casier judiciaire vierge pour se présenter à une élection. Mais le Sénat ne s’est pas saisi des textes avant la fin de la législature. Y a-t-il un risque que cette avancée soit enterrée par les deux majorités qui seront issues des élections législatives et sénatoriales à venir ?

P.P. : Il y a très peu de chances que cette loi soit enterrée car elle a été votée à l’unanimité des groupes politiques. Les parlementaires ont cédé et ont voté cette loi grâce à la pression populaire (que nous avons organisée à quelques-uns) la circulation de l’information horizontale (les réseaux sociaux) ainsi que notre pétition nationale qui a buzzé. Le Sénat va essayer de raboter les contours de la loi, la rabougrir comme peau de chagrin pour nous donner l’impression qu’elle existe encore, tout en la vidant de sa substance. La différence avec avant, c’est que maintenant nous sommes des milliers à surveiller cette loi, et nous serons des centaines de milliers à traquer les sénateurs ou sénatrices qui oseront désosser cette loi qui n’a d’autre but que d’assainir la politique française. Je vois mal (ils vont essayer) les sénateurs et sénatrices s’accorder plus de droits devant la loi que ce qu’ils demandent aux contribuables. D’ailleurs, nous prévenons d’avance que tous les sénateurs et sénatrices qui s’y hasarderont verront l’opprobre et la honte s’abattre inéluctablement sur eux durant le reste de leur dernier mandat. Nous resterons vigilants jusqu’à l’ adoption définitive de cette loi juste et saine.

O.C. : Voyez-vous dans les différentes affaires de ces derniers mois une aggravation de la corruption en France, ou au contraire le signe positif que les pratiques qui avaient court auparavant ne sont plus acceptées par la société française et ses institutions ?

P.P. : Grâce à mes livres et à quelques autres comme ceux d’Yvan Stevanovitch, Vincent Lecoq ou Sophie Coignard (pardon pour ceux que j’oublie), quelques journalistes, magistrats (encore indépendants pour les uns, courageux pour les autres), auxquels il faut rajouter des trublions électrons libres comme Bruce Bourguignon, Hervé Lebreton, monsieur Avrillier, sans oublier des associations comme Contribuables Associés, Regards Citoyens, le Mur des Insoumis, le peuple prend conscience et découvre l’ampleur des turpitudes inacceptables d’une grosse minorité de nos élus. L’information circule de plus en plus vite et ils peuvent de moins en moins cacher l’opulence immorale dans laquelle certains se sont engoncés. Aujourd’hui, on ne peut plus accepter sans rien dire que des « représentants du peuple » qui disent vouloir nous montrer l’exemple soient les premiers à enfreindre des règles qui veulent nous imposer. Aujourd’hui, on ne peut plus accepter que deux anciens Premiers ministres [François Fillon et Manuel Valls, ndlr] fasse l’inverse de ce qu’il déclare devant des millions de gens pour l’un ou renie sa propre signature devant des millions de militants pour l’autre. En réalité, il n’y a pas une aggravation de la corruption en France (quoique) mais un abaissement du seuil de tolérance (dû à une prise de conscience massive) du peuple vis-à-vis de ces élus. De plus, ceux-ci naviguent, de plus en plus sans aucun scrupule ni vergogne, dans l’immoralité de leurs agissements malsains. Malgré les faits et scandales successifs, ils ne comprennent toujours pas qu’ils dépassent de plus en plus souvent la ligne rouge de la simple décence de tous ces mots qu’ils déjectent en logorrhée redondante à longueur de discours. Des mots qu’il nous rabâchent comme l’ éthique, le partage, la justice, la probité mais qu’ils vident complètement de leur sens à mesure qu’ils les prononcent.

O.C. : Enfin, dans le cas où le casier judiciaire vierge pour les élus entrerait en vigueur lors de la prochaine mandature, quelle(s) autre(s) proposition(s) faites-vous pour continuer à promouvoir la transparence de la vie publique ?

P.P. : Le chantier est immense car les élus malfaisants et dominants renforcent leur digue de protection (voir la loi scélérate votée dernièrement sur la prescription des délits par ruse… 12 ans de prescription pour les malfaiteurs) [lire à ce sujet notre article] mais la moralisation de la vie publique est en route. De toute manière, nous n’avons pas le choix si nous ne voulons pas voir la France devenir une république bananière dirigée par des élus corrompus, marionnettes vivantes des grands trusts financiers dont la seule logique est le profit à outrance pour quelques-uns au détriment du partage pour tous.

Mes deux prochains combats sont :

  1. La justification de tous les frais de l’IRFM (indemnité représentative de frais de mandats), 5770 euros par député, 6200 euros par sénateur, environ 2000 euros par membre du CESE, véritable argent de poche au black que s’auto-octroient les élus. Cet argent au black est une honte vis-a-vis du peuple et des électeurs.
  2. La lutte contre les sondages falsifiés, bidonnés, orientés que l’on nous sert comme parole d’évangile et qui n’ont que pour but de manipuler l’opinion publique. Débarrassons-nous de ces placébos qui ne reflètent pas l’opinion de tous mais le désir de quelques-uns.

Si cette pétition atteint les 100.000 signataires, la marge d’erreur qui est déjà de trois points pour chaque sondage passera a 10 points pour Monsieur Bolloré qui vient de racheter un institut de sondage (eh oui !). On ne peut que gagner, car le nombre c’est nous, les employeurs c’est nous !

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