Le malaise qui frappe le monde moderne semble sans fin si on se fie à la prolifération de différents exutoires employés pour y échapper momentanément. Nouvelle lubie en date : à Montréal, on vient d’ouvrir la première garderie pour adultes au Canada. Il n’est pas ici question de garder les adultes en perte d’autonomie en raison d’un handicap ou de l’âge, mais bien de plonger l’adulte consentant dans un monde d’enfant. C’est la régression ultime.
Le jeu de rôle proposé aux clients vise à faire revivre le stade de l’enfance durant quelques heures. L’adulte est pris en charge par des « éducatrices » qui alterneront périodes de jeu et de bricolage, mais aussi l’incontournable sieste avec peluche et toutou. Pour les promoteurs d’iChild, qui souhaiteraient ouvrir des franchises dans d’autres villes, le client va « revivre (sa) jeunesse et tous (ses) problèmes vont disparaître ». Programme pour le moins ambitieux.
Utilisant un jargon entrepreunarial, les promoteurs souhaitent intéresser les entreprises privées et offrent à celles-ci des journées de groupe pour les employés, question de favoriser le « team building ». On comprend mal comment une journée à chanter des comptines, faire du coloriage ou jouer dans une baignoire de balles puisse aider la productivité, mais pour l’équipe d’iChild, une telle journée permettra « le développement d’une équipe efficace et puissante ».
Photo : Cette photographie est ainsi légendée sur le site de iChild : « Imaginez votre chef-d’œuvre encadré signé “Michael, 35 ans”. Montrez quelque chose que vous avez fait de vos propres mains à vos amis et à vos proches vous fera plaisir comme un enfant. » Régression affective, intellectuelle, mais aussi syntaxique et orthographique.