Le divorce de Marion Maréchal-Le Pen ne concerne qu’elle!

En général il n’y a pas de divorce heureux. Toute séparation, même certaine de déboucher, pour l’un ou l’autre, sur un avenir éclatant et incomparable, conduit à affronter, à cause du présent et au nom du passé, des souffrances et des épreuves. Difficile de faire l’économie de quelques déchirements. C’est encore plus vrai quand des enfants sont de la partie si j’ose dire.

Les médias qui souvent sont terriblement indiscrets à l’égard des célébrités et n’hésitent pas à violer leur intimité – et il arrive que ce soit sans le consentement explicite ou implicite de celles-ci – respectent à peu près une pudeur élémentaire quand elles divorcent. Cette retenue si rare de la part de l’inquisition “people” est encore plus nette à l’égard des politiques. J’en veux pour preuve ce qui a affecté récemment le couple de NKM et qui, me semble-t-il, a été traité avec délicatesse. Heureusement.

On vient d’apprendre que Marion Maréchal-Le Pen (MMLP) a divorcé alors qu’elle s’était mariée en toute intimité avec Matthieu Decosse le 29 juillet 2014. Leur fille Olympe est née au mois de septembre de la même année.

MMLP a déposé plainte contre Closer pour atteinte à l’intimité de sa vie privée.

Même si ce bouleversement à la fois conjugal et familial concerne une personnalité à laquelle on prête un destin politique d’envergure – et sa position actuelle au sein du FN en augure bien -, il ne saurait en lui-même susciter une curiosité qui deviendrait vite malsaine au-delà de l’information brute.

Certaines réactions, sur ce plan, méritent d’être questionnées parce qu’elles font apparaître, d’une part, un zeste de satisfaction sadique – bien fait pour elle ! – et d’autre part comme l’obligation d’un silence dorénavant sur des thèmes de nature familiale et sociétale.

MMLP n’aurait plus le droit de parler de la force et de la valeur de la famille traditionnelle, de l’éducation des enfants, du mariage homosexuel ou du planning familial. Elle n’aurait plus aucune légitimité pour dénoncer des dérives et des transgressions auxquelles la citoyenne et la femme engagée est hostile. A cause de son divorce, elle serait en quelque sorte interdite d’expression sur des problématiques dont le caractère général n’est pourtant pas réduit par son épreuve singulière.

On devine bien pourquoi un telle approche lui est réservée. Quoique Philippe de Villiers, avec ses fils, a eu également à en souffrir.

Il y a de la volupté à opposer les accidents imprévisibles et douloureux de l’existence à une vision conservatrice qui est partagée par beaucoup, malgré la propension médiatique à constituer l’exception comme la règle. Comme si la pensée politique et sociale intelligente avait l’habitude d’être formulée sans la possible prise en considération d’aléas intimes ou familiaux sans lien de fond avec elle.

MMLP a évidemment aujourd’hui comme hier toute liberté pour évoquer ce qui dans notre monde, dans sa structuration et son équilibre, lui semble critiquable. Je voudrais préciser mon point de vue en mettant en évidence ce qui à mon sens serait véritablement insupportable de la part d’un homme ou d’une femme politique.

Si DSK avait eu le front de se présenter comme un défenseur de la fidélité et des valeurs familiales traditionnelles – ce qu’il n’a jamais fait -, il aurait évidemment été en totale contradiction avec ses choix de vie désirés et assumés. On aurait eu alors le droit de lui intenter des procès en hypocrisie et en escroquerie politique. En revanche, on n’a pas à rougir de ce qu’on subit à son corps défendant.

Dans la manière dont la presse people rend compte des événements au moins superficiellement heureux – par exemple les mariages – je considère que trop souvent on frôle le ridicule.

Je me souviens de la focalisation médiatique sur la relation de Gad Elmaleh avec la princesse Charlotte de Monaco. Comme s’il allait durer toujours alors qu’il y a des unions artistiques qui d’emblée, en leur coeur, portent leur précarité et leur remplacement par d’autres. De fait, la princesse Charlotte depuis quelque temps a droit à la même lumière pour sa liaison et demain peut-être son mariage avec un Italien. Tout cela est grotesque et révèle comme l’envie de faire vendre est plus forte que le bon sens et la conscience d’une forme de bienséance humaine.

Rien n’est simple dans la relation entre le privé et le public. Entre le privé et le médiatique.

Mais il demeure que prétendre faire taire MMLP à cause de ce qui lui advient et qu’elle n’a pas voulu relève d’un réflexe infiniment indélicat.

Parce que c’est elle ?

Philippe Bilger

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