Lorsque les défenseurs de la famille traditionnelle avaient prédit que les tenants du progressisme ne s’en tiendraient pas à l’union de paires homosexuelles, les bonnes âmes avaient poussé des cris d’orfraie. Mais puisque ce contrat n’est plus qu’une simple construction humaine amendable au gré des desiderata de chacun, pourquoi devrait-on le limiter à deux personnes ? Voici que la polygamie fait son entrée, discrètement soutenue par la machine de propagande culturelle, au nom de l’amour, évidemment. Ainsi, le 10 juin dernier, le Figaro Madame titrait dans un article « La polygamie, de plus en plus populaire aux Etats-Unis ». On y apprend que, selon un sondage outre-atlantique, « il est même plus acceptable d’être polygame que d’entretenir des relations extraconjugales ». Autant donc prendre sa maîtresse sous le même toit, pourvu que l’épouse légitime soit d’accord.
En France, on peut compter sur le cinéma subventionné pour nous produire la comédie qui prouve que la législation et les mentalités doivent nécessairement évoluer pour enfin « vivre avec son temps ». Porté aux nues par la critique mais boudé par le public (bon sens populaire quand tu nous tiens), A trois on y va est sorti dans les salles le 25 mars dernier. En voici le scénario, tenant sur un timbre-poste : Charlotte et Micha vivent ensemble. Arrive Mélodie, qui va devenir la maîtresse de chacun des deux protagonistes, sans que l’autre le sache. Lorsqu’ils s’en rendent compte, ils décident de faire ménage à trois.
Pour vous éviter de perdre du temps devant l’écran, sachez qu’à la fin Charlotte sort de ce « trouple » infernal (l’adultère, une fois de plus, a gagné). Des critiques y ont vu « une forme d’autocensure inconsciente » (sic) de la part du réalisateur. Mais il est volontiers pardonné, puisqu’ayant fait avancer la cause du Progrès. Le Huffington Post s’est servi de ce film pour titrer sans ambages « A trois on y va : et si le polyamour était l’avenir du couple ? » A noter au passage ce mot de novlangue de plus en plus répandu chez les plumitifs.
Une manière différente
Dans une tribune du même média, la sexologue Magali Croset-Calisto nous en donnait une définition : « Le polyamour est une manière différente de vivre et de penser les relations sentimentales, puisqu’il implique toujours plus de deux personnes. Ce choix de vie part de la constatation qu’une seule personne ne peut et ne doit être contrainte de combler tous les désirs et besoins d’une autre personne. »
Toujours cette même rengaine soixante-huitarde : « Jouissons sans entrave. » Le coup vient donc de loin, preuve de la ténacité des détracteurs de l’ordre naturel. Dans son Suicide Français, Eric Zemmour nous rappelait le synopsis des Valseuses, sorti en 1974. « Les deux garçons, interprétés par Gérard Depardieu et Patrick Dewaere, errent en liberté dans une France transformée en Far West, en compagnie de leur égérie, jouée par une actrice sortie du café-théâtre, Miou-Miou, qu’ils partagent comme une bonne bouteille de vin, sans se poser de questions éthiques ou sentimentales. » Le ton anarchiquement rigolard du film, pour paraphraser Zemmour, a laissé place aujourd’hui à un désir de reconnaissance institutionnelle.
La destruction du modèle familial traditionnel se poursuit donc avec l’assentiment quasi-général de la classe politico-médiatique, de dirigeants politiques qui ont, en fait, depuis longtemps cessé de dénoncer la polygamie, pour ne pas stigmatiser les immigrés qui débarquent chez nous avec leurs coutumes familiales exotiques. La bonne nouvelle réside dans le fait que le modèle de société libérale-libertaire s’essouffle. Une part de plus en plus grandissante de la population le rejette clairement. La jeunesse de la Manif pour tous, ayant trop souffert du divorce de masse et de l’instabilité sentimentale de leurs parents, a soif d’idéal et d’absolu.
Louis Lorphelin – Présent