Mardi 24 mai, le Parlement a voté, dans une loi de justice qui n’en a que le nom, un amendement facilitant la modification de la mention du sexe à l’état civil. Alors que les Français se voient matraqués d’impôts en attendant des trains qui n’arrivent plus, que le chômage ne cesse d’augmenter, que la France est menacée de l’intérieur comme de l’extérieur, que les tensions corporatistes et communautaristes n’ont jamais été aussi élevées, nos gouvernants exhibent une fois de plus l’irréalité qui les habite.
Dorénavant, toute personne majeure qui démontre des faits – théoriques et illusoires puisque l’opération chirurgicale des organes génitaux n’est pas une condition – que la mention relative à son sexe à l’état civil ne correspond pas à celui auquel elle appartient peut en obtenir la modification par un juge.
Ce qui était considéré jusqu’alors comme une pathologie devient avec cet amendement une liberté, chacun pouvant choisir son identité sexuelle indépendamment de la réalité biologique et physique.
On ne peut, bien évidemment, ignorer la souffrance. Il ne s’agit pas là ni de juger ni de montrer du doigt des ressentis difficiles à saisir, mais le droit reflète la réalité, il ne doit pas la changer. On ne peut pas l’utiliser comme une réalité de substitution, totalement subjective.
On connaît la méthode. L’histoire nous montre qu’une loi d’exception ou de pseudo-libertés individuelles en France n’est qu’un voile qui ne prend même plus la peine de cacher les démiurges qui se planquent derrière.
On facilite le changement de sexe et des noms sur l’état civil, pour mieux propulser l’apparition certaine d’un troisième sexe, figure de proue de l’indifférenciation.
C’est l’ultime limite que l’on repousse. À force de nier la différence sexuelle, pourtant unique empreinte de la nature dans le social, on se la crée soi-même pour finalement la jeter comme un vieux mouchoir usagé.
C’est au nom de l’identité, emmaillotée de progrès et de justice pour tous, nous expliquent-ils. Mais qu’est-ce que l’identité, sinon l’une des rares choses permanentes, fondamentales et singulières, si elle devient réversible selon « l’expérience intime de chacun » ? C’est justement en tuant l’irréversibilité de l’identité qu’on n’en a plus. C’est en légiférant les envies individuelle de devenir un autre que l’on nous condamne tous à ne devenir personne. Mais pour ces chantres de l’égalitarisme, qu’y a-t-il, finalement, de plus égalitaire que le néant ?
C’est au nom de cette lutte factice contre les discriminations et pour l’intérêt général de certain que le projet rêvé de tout état totalitaire se met en place : la création de l’Homme nouveau, sans racines, sans histoire, sans déterminisme et donc sans identité.