Interviewé par l’hebdomadaire Paris-Notre-Dame jeudi 28 mai, Mgr Luc Ravel, évêque du diocèse aux Armées, explique pourquoi, selon lui, nous vivons actuellement une nouvelle guerre de religion. « Le terme de guerre désigne une opération, qui peut prendre diverses formes et qui vise à s’emparer d’une nation ou d’un ensemble de nations, explique-t-il. C’est bien la volonté actuelle des divers mouvements de terroristes islamistes, comme Daech ou Boko Haram : leurs actes ont pour but de déstabiliser le niveau politique. Ils ont d’ailleurs réussi à le faire en Irak ou en Syrie. »
Pour l’évêque aux armées françaises, « que nous l’acceptions ou non », ces groupes terroristes « ont explicitement déclaré la guerre à nos valeurs occidentales depuis les attentats du 11 septembre 2001 ». « Je me demande si les Français en ont vraiment pris conscience, s’interroge-t-il. Il s’agit d’une guerre de religion, parce que ces terroristes affirment agir au nom de Dieu. Même si, à titre personnel, nous pouvons penser qu’ils n’ont pas une bonne perception de Dieu, nous ne pouvons pas occulter que leurs actions ont des motivations religieuses. »
Cependant, pour Mgr Ravel, il ne s’agit pas d’une guerre entre religions, « contrairement à ce que certains hommes politiques veulent faire croire pour justifier leur vision de la laïcité ».
« La preuve est que ces terroristes ont tué plus de musulmans que de juifs ou de chrétiens, explicite-t-il, estimant que « si cette guerre incite à multiplier les rencontres interreligieuses, c’est une bonne chose ». Si « approfondir la connaissance réciproque permet aux croyants de constater que ce qui les sépare ne les oblige pas à se combattre », « ce rapprochement ne peut être la solution pour mettre fin à cette nouvelle guerre de religion car elle ne relève pas d’un problème interreligieux », ajoute-t-il.
Mgr Ravel estime en outre que cette guerre doit amener les chrétiens français à s’interroger sur les valeurs de leur société. « Mon devoir de pasteur est de montrer que la France, même si elle porte certaines valeurs remarquables, ne se situe pas intégralement dans le camp du bien », explique-t-il, pointant « certaines idéologies, par exemple dans le domaine de l’économie et de la famille, qui ne sont pas porteuses de valeurs humanistes ».
« À l’intérieur de la réalité de la guerre, nous pouvons, en tant que chrétiens, contribuer à la nouvelle évangélisation, c’est-à-dire transmettre le Christ grâce à la force de notre espérance, de notre foi et de notre charité, explique encore Mgr Ravel. Les idéologies résistent aux idéologies. Mais elles succombent devant la vraie foi, science de la vie et de la vie éternelle. »