Les bons et les mauvais anges… Instruction pastorale sur les anges de Louis-Marie Epivent

Par Yves Chiron

Quel évêque diocésain publierait aujourd’hui, trois années de suite, une Instruction pastorale sur les anges ? Les évêques, en France du moins, ne publient plus d’instructions pastorales – l’expression leur semblerait trop directive – mais des éditoriaux (c’est-à-dire l’expression d’une opinion) dans leur bulletin diocésain et certains, pas tous, des Lettres de carême.

Mgr Epivent, qui fut évêque d’Aire et de Dax de 1859 à 1876, a publié trois années de suite (1868, 1869 et 1870), une instruction pastorale sur les anges. Il se conformait à une prescription du concile de Reims, en 1853, qui avait demandé de « bien enseigner aux fidèles le culte des anges et surtout de l’ange gardien, et de leur apprendre tout le soutien et l’appui qu’ils ont et peuvent trouver dans la protection et l’invocation des esprits célestes ».

Ses trois instructions pastorales sont rééditées dans un petit volume. Bien sûr, le style ecclésiastique du XIXe siècle, souvent onctueux et déclamatoire à la fois, se retrouve dans certaines pages et peut détourner le lecteur contemporain. Mais s’il sait aller au-delà de la forme, il trouvera un enseignement solide.

La première Instruction pastorale (1868) porte sur Satan. La remarque de Baudelaire, faite il y a 150 ans et citée par Mgr Epivent, vaut encore plus pour aujourd’hui : « N’oubliez jamais, quand vous entendrez vanter le progrès des lumières, que la plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu’il n’existe pas. »

L’ange gardien

Satan est un ange déchu. Le concile de Latran IV enseigne : « Le diable et les autres démons ont été créés par Dieu bons par nature ; mais ce sont eux qui se sont rendus eux-mêmes mauvais. Quant à l’homme, c’est à l’instigation du démon qu’il a péché. » Mgr Epivent dit la même chose autrement : « Impossible d’expliquer ce qui se passe de mal dans le monde sans le dogme catholique de la puissance que Dieu permet, dans la limite qu’il lui plaît, au génie du mal. »

Dans la 2e Instruction pastorale (1869), consacrée aux « saints anges », et dans la 3e, consacrée aux « anges gardiens », Mgr Epivent résume, en des termes très simples, la réalité du monde angélique : « Tout homme est tenté par l’esprit mauvais ; donc tout homme est gardé par un esprit bon » (p. 100). Il cite aussi saint Anselme : « Chaque âme, au moment où elle est envoyée dans le corps, est confiée à un ange. »

Dans une des demandes du Notre Père (« délivrez-nous du Mal »), le Mal n’est pas une abstraction, mais une personne ; comme l’enseigne le Catéchisme de l’Eglise catholique : le Mal est « Satan, le Mauvais, l’ange qui s’oppose à Dieu. Le “diable” (dia-bolos) est celui qui “se jette en travers” du dessein de Dieu et de son “œuvre de salut” accomplie dans le Christ ».

L’élégant opuscule de Mgr Epivent vient rappeler une doctrine sur les anges (les bons et les mauvais) qui a quasiment disparu de l’enseignement épiscopal contemporain.

• Louis-Marie Epivent, Instructions pastorales sur les Anges, Trifolium éditions (5 rue Sainte-Odile, 67 000 Strasbourg), 136 pages.

Lu dans Présent

Related Articles