Le royaume de Borée de Jean Raspail et Jacques Terpant

Après la magnifique publication, en trois tomes, d’une lecture en bandes dessinées du roman de Raspail, Sept Cavaliers, par Jacques Terpant, nous avions levé nos verres et trinqué pour saluer l’exploit. Osons le mot : c’est une véritable osmose entre l’œuvre écrit de Raspail et sa « traduction » en images par un grand artiste (certaines des planches de Terpant sont de véritables toiles).

Après la publication des deux premiers tomes de la relecture – du même Terpant – du Royaume de Borée – du même Raspail, faut-il le préciser – nous avions poussé un tonitruant « Hurrah Pikkendorff ! »

Le troisième volet de cette trilogie, Tristan (tome I : Oktavius ; tome II : Henrick), vient de paraître. Et alors ? Alors un même bonheur renouvelé, bien sûr ! Un petit goût amer aussi : c’est le dernier de la série. Mais une espérance discrètement articulée : Jacques Terpant doit bien avoir l’idée d’une nouvelle réalisation raspaillesque…

Un mot de Jacques Terpant. Le passage des Sept Cavaliers en images n’était déjà pas une mince affaire. Mais, avec Le Royaume de Borée, il s’attaquait à un sacré morceau. Rien de moins que la saga des Pikkendorff ! Oktavius et ses compagnons à l’est de la Borée, le petit être couleur d’écorce, arc à la main, carquois sur le dos ; Henrick, accompagné de douze hommes, qui s’enfonce dans la Borée ; Tristan en 1812 ; Véra de Pikkendorff, médecin sur le front de l’Est dans les années quarante ; et toujours le petit homme, le petit bonhomme, le lanceur de flèches, le passeur d’histoires ; la neige à perte de vue…

Alors tricoter tout ça, retricoter tout ça en cases, redessiner un scénario… Il fallait un grand artiste capable de recréer sans trahir, capable de « traduire » Raspail fidèlement. Avec les yeux du cœur.

Et ce « miracle » a eu lieu. Grâce à Jacques Terpant. La dédicace qu’il a faite sous un dessin-portrait de Raspail résume tout : « A mon ami Jean Raspail, je suivais la piste, il marchait devant. » Bel hommage. Et judicieuse allusion à la devise (à double sens, des Pikkendorff) : « Je suis d’abord mes propres pas. »

Ajoutons que ce dernier volet, qui dit le sort de la petite principauté de Valduzia, est comme en phase avec les actuels événements de l’Ukraine au péril des appétits poutinesques. Il n’y a pas de hasard. Il n’y a que des rencontres.

• Editions Delcourt.

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