L’Imagerie d’Épinal est la plus célèbre et la dernière imagerie en activité dans le monde, héritière d’un patrimoine inestimable, constitué au fil des générations depuis 1796. Du 18ème siècle jusqu’à l’aube du 20ème siècle, les imageries ont joué un rôle majeur dans la transmission du savoir populaire, l’illustration des événements politiques et historiques, la culture religieuse (images pieuses), les loisirs et l’éducation des enfants. Il y en avait un peu partout en Europe et en France (Paris, Rouen, Chartres, Cambrai, Lille, Orléans, Toulouse…), se concentrant peu à peu dans l’Est (Metz, Wissembourg, Pont-à-Mousson…) à proximité des producteurs de papier.
Alors que la photographie n’en était qu’à ses balbutiements, les imageries étaient tout à la fois éditeurs, imprimeurs, libraires, agences de publicité, créateurs de jeux… Elles employaient des artisans graveurs sur bois (comme le réputé François Georgin à Épinal), sur métal puis sur pierre, des enlumineurs, des dessinateurs et caricaturistes de grande qualité (Pinot, Rabier, Caran d’Ache, O’Galop, Ensfelder, Ballan, Pacher, Borel…) qui préfigurent les dessinateurs de presse et auteurs de BD modernes. Elles diffusaient leur production via un réseau de boutiques et de colporteurs de village en village. Ce fut le premier « media » de masse par l’image.