Inexpérience. Censée fluidifier les procédures prud’hommales, la loi Macron semble avoir complexifié le processus et “découragé” les salariés d’y recourir.
Au cours de son seul, unique et fugace passage à un poste gouvernemental, Emmanuel Macron a porté la loi Macron, laquelle permet notamment de simplifier le recours au tribunal des prud’hommes. Mais moins d’un an après l’application du décret en question, les premiers effets constatés montrent l’ampleur d’un effrayant désastre..
À Lyon et Paris, 40 % de saisines en moins
Dans le détail, la loi Macron prévoit que, depuis le 1er août 2016, la saisine de la justice prud’hommale se fasse sur présentation d’un dossier comprenant toutes les pièces justificatives. Objectif affiché de la mesure : mettre fin aux importants délais induits jusqu’alors par l’examen fastidieux de dossiers possiblement incomplets.
Vers une justice réservée aux riches ?
De leur côté, les organisations syndicales constatent que les salariés sont “découragés” et “désemparés” face à la nouvelle procédure, et que “trop”d’entre eux “renoncent aujourd’hui à faire valoir leurs droits”, tel que le précise Anne Dufour. Pour Olivier Angotti, du cabinet Jeantet, cela serait dû au filtrage qu’induit la Loi Macron : alors que les Prud’hommes étaient ralentis par les dossiers incomplets, mais les traitaient quoiqu’ils arrivent, une partie des salariés préfère désormais abandonner le recours à l’instance judiciaire, faute d’avoir les connaissances juridiques nécessaires à la constitution d’un dossier recevable.