L’Opéra, comme le nom l’indique, est un film documentaire sur l’Opéra de Paris. Il est consacré principalement au site de l’Opéra de la Bastille, le plus vaste et le plus moderne – et de fort loin le plus laid – qui abrite donc l’essentiel de l’activité et des spectacles. Comme il se doit dans un documentaire consacré à la vie véritable de L’Opéra, l’essentiel de l’activité est donc montré, soit énormément de répétitions, de travaux divers et variés, pour un temps de spectacle qui se doit d’atteindre un niveau d’excellence exceptionnel car, outre le respect du public, il en va de l’image de la France. Et les spectacles doivent avoir lieu, malgré les menaces permanentes de grèves, parfois exécutées…Il faut certes défendre les conditions de travail des artistes et ouvriers, mais il y a néanmoins des abus évidents avec prise en otage des spectateurs.
Nous reconnaîtrons volontiers l’excellence technique des opéras proposés, mais nous n’approuverons pas nécessairement les mises en scènes contemporaines minimalistes ou (faussement) iconoclastes, qui tournent du reste forcément en rond puisque tout, et surtout le pire, a été réalisé dès les années 1970. Le fameux et gigantesque taureau vivant, 1,5 tonne sur scène, qui doit surtout rester calme au milieu du bruit d’un opéra sous peine de drame, n’est pas même une idée loufoque nouvelle…Et avec des extravagances de ce genre, coûteuses, car menant en l’espèce à la création d’une petite ménagerie ad hoc, on ne s’étonnera pas du déficit structurel de ce type d’établissement. En outre les tarifs restent trop élevés pour beaucoup d’amateurs : à 230 euros la place, donc après un calcul simple 460 euros pour un couple, beaucoup d’amateurs ne peuvent pas s’offrir régulièrement ce plaisir qu’est L’Opéra …
L’Opéra risque fort de ne pas intéresser au-delà d’un public restreint
Le documentaire vise à l’exhaustivité. Il veut montrer tout le personnel actif à L’Opéra, des chanteurs solistes ou du chœur, au personnel de ménage. Le directeur, beaucoup montré car l’ensemble ne tiendrait probablement pas sans son autorité, et sert de lien narratif : en effet, il doit rencontrer tout le monde à un moment où un autre, et parcourt les lieux en tous sens. Les musiciens se sont plaints de ne pas avoir été assez montrés ; on les voit un peu quand même, même s’ils ne sont pas mis en vedette. La place a été prise par un orchestre novice de petits garçons et petites filles des banlieues, qui apprennent la musique, et jouent leur premier concert. Dégoulinante de bonne conscience convenue, l’initiative pourrait nonobstant paraître sympathiques si, après des efforts réguliers, ces jeunes prodiges jouaient juste, ce qui n’est hélas absolument pas le cas …
Le spectateur déjà curieux du fonctionnement concret de L’Opéra de Paris pourra suivre avec intérêt, malgré ses longueurs, ce documentaire. Mais il risque fort de ne pas intéresser au-delà d’un public restreint, manquant quelque peu de ligne directrice et de rythme.