On voudrait tous avoir quelque chose de Kate Middleton, pardon, de Son Altesse Royale, la duchesse de Cambridge. Rien de plus facile, d’ailleurs : il vous suffit de commander sur Internet un mug, un service à thé ou même des sacs à vomi – pire : une boîte de préservatifs à l’effigie du couple princier. On peut aussi essayer de se raccrocher aux branches de son arbre généalogique. C’est ainsi que le magazine Elle nous apprend qu’un généalogiste français a découvert que Catherine Middleton descendrait d’un certain Gaston Martineau, originaire de Vendée, qui vivait au XVIe siècle. Alors si Kate a un petit quelque chose de français, d’une façon ou d’une autre, on doit bien avoir quelque chose d’elle.
Au fil des siècles et avec l’anglicisation, nous explique Elle, le nom serait passé de Martineau à Middleton. Sans vouloir faire le savant, on aurait pu imaginer une anglicisation plus logique comme, par exemple, Martins. De Martineau à Middleton (que l’on pourrait traduire par la « ferme du milieu »), avouons qu’il faut une certaine dose d’imagination. Des patronymes britanniques d’origine française, il en existe beaucoup, c’est vrai, souvent d’origine normande, et notamment dans l’ancienne aristocratie britannique. Ainsi Lady Diana Spencer descendait d’un certain Guillaume le Despensier. Avec le temps, le nom devint Despenser, puis Spencer. Les mauvaises langues auraient, du reste, pu surnommer la princesse de Galles « la bien nommée »… Alors nous n’irons pas jusqu’à parler de « fake news » et ne voudrions pas décevoir les espoirs de parenté royale de ce généalogiste, mais cette transformation du nom semble pour le moins douteuse.
Nevertheless, si l’on étudie l’arbre généalogique publié en 2011 à l’occasion du royal wedding par la très sérieuse Société généalogique historique de Nouvelle-Angleterre (la plus ancienne et importante société de généalogie des États-Unis), on voit que la future reine d’Angleterre descendrait bien à la onzième génération d’un Gaston Martineau. Chirurgien de profession, il serait né, non pas au XVIe siècle mais vers 1654 à… Bergerac qui, comment chacun sait, n’est pas en Vendée. Huguenot, il quitta la France en 1685, à la révocation de l’édit de Nantes, pour s’installer en Angleterre où il fut naturalisé le 21 mars 1688. Il donna naissance à une dynastie de médecins sur cinq générations. Son arrière-arrière-petite-fille, Élisabeth Martineau, épousa en 1820 un certain Thomas Greenhow, chirurgien. Une fille naquit de cette union, Elisabeth Greenhow, qui épousa en 1847 Francis Lupton, un commerçant appartenant à une famille notable et ancienne du Yorkshire. Le fils, issu de cette union, Francis Martineau Lupton, né en 1848 et mort en 1921, fut un industriel du textile qui fit de belles affaires. La maison Lupton vendait du drap fin, des étoffes pour pardessus et pour complets, du drap pour livrées et du drap fort pour cochers, comme en atteste sa réclame des années 1920. La fille de Francis, Olive Lupton (1881-1936), épousa Noel Middleton (1878-1951). Ils sont tous les deux les arrière-grands-parents de la duchesse de Cambridge.
Quoi qu’il en soit, l’on retiendra que Kate a des ancêtres français. C’est quand même la meilleure bonne nouvelle de la semaine qui dépasse largement l’annonce de la candidature de Mme Loiseau ou autres tristounetteries du moment. Et comme toute l’histoire de l’humanité ne tient qu’à un fil, imaginons que Louis XIV n’ait pas révoqué l’édit de Nantes, le sieur Gaston Martineau serait sans doute resté à Bergerac pour soigner des fistules sur les bords de la Dordogne. Écririons-nous ces lignes aujourd’hui ? À quelque chose malheur est bon.
Georges Michel -Boulevard Voltaire