Lobby or not lobby ?

Outre leur convoitise pour l’Elysée, quel point commun entre Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Fillon, Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire, Hervé Mariton, Jean-François Copé, Nadine Morano, Christian Estrosi, Jean-Christophe Lagarde, Manuel Valls et Emmanuel Macron ? Ils assistaient tous le 7 mars au raout du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), étape obligée pour quiconque aspire à un destin national. Et si Laurent Wauquiez, qui y pense lui aussi tous les matins en se rasant, était absent, il était avantageusement remplacé par sa mère Eliane Wauquiez-Motte, maire de Chambon-sur-Lignon, commune – ça tombe bien – érigée en Juste parmi les nations pour le sauvetage de milliers de Juifs sous l’Occupation.

Super-Blancs
Fin janvier, un sondage avait fait scandale, bien que commandé à l’institut Ipsos par Ariel Goldmann, président de la Fondation du judaïsme français, parce qu’il portait sur les ratés du « vivre ensemble » et surtout catégorisait les différentes communautés, chacune étant interrogée séparément, sur des sujets différents. On y apprenait ainsi que pour 54 % des Français, « l’immigration n’est pas une source d’enrichissement », 56 % avouant qu’ils « réagiraient mal » si leur fille « épousait un musulman ». A propos des Juifs, 56 % de nos compatriotes également les jugeaient comme détenant « beaucoup de pouvoir », « plus riches que la moyenne des Français » et 41 % ajoutaient qu’ils sont « un peu trop présents dans les médias », si bien que, pour 60 % des Français, ils ont « leur part de responsabilité dans la montée de l’antisémitisme » — essentiellement musulman. Les mahométans questionnés, qui voient volontiers dans les Juifs des « super-Blancs », étaient d’ailleurs plus radicaux puisqu’ils estimaient à 67 % que les fils d’Israël sont trop riches et surtout « trop présents dans les médias ». Quant aux Juifs, ils se disaient convaincus à 92 % que « l’antisémitisme a augmenté » depuis cinq ans, les trois quarts d’entre eux pensant qu’il est désormais « difficile d’être juif en France ». A l’évidence parce que la France est de moins en française.

« Tribunal dînatoire »
Mais la faute à qui ? Impossible d’oublier le rôle mortifère de certains faiseurs d’opinion juifs tels les Pierre-Bloch père et fils se succédant à la tête de la LICRA, BHL, Alain Minc, Me Jakubovitz, Benjamin Stora, Bernard Kouchner, Laurent Fabius et Julien Dray créateurs de SOS Racisme, etc. dans la culpabilisation systématique de l’indigène et la « tsunamigration » — cf. Bernard Antony — maghrébine qui s’ensuit, vivier du terrorisme islamiste comme Paris, avant Bruxelles, en avait fait la sanglante expérience. Impossible aussi d’ignorer la présence des Juifs dans la presse et l’audiovisuel (« Il y en a beaucoup dans les médias comme il y a beaucoup de Bretons dans les métiers de la mer », avait observé Jean-Marie Le Pen il y a trente ans) quand Audrey Azoulay est nommée ministre de la Culture et de la Communication – donc papesse des médias – et quand, le 15 mars par exemple, dans la matinale de France inter, à la chronique de Bernard Guetta succède l’interview par Patrick Cohen de Daniel Cohn-Bendit qui, invité vedette du jour pendant quarante minutes, ordonne à l’Europe de s’ouvrir toujours plus aux migrants.

Le trop, ennemi du bien
En 1936, le grand rabbin de France, Israël Lévi, avait adjuré Léon Blum de refuser Matignon, de crainte que ne s’aggravât l’antisémitisme provoqué par l’affaire Stavisky.

C’est la même inquiétude qu’exprimait Richard C. Abitbol, président de la Confédération des Juifs de France et Amis d’Israël sur le site de la CJFAI, au lendemain de ce dîner du CRIF, qui a pris un sens si « démesuré » qu’il est tentant d’y voir « l’expression d’un lobby » particulièrement puissant puisque presque tous les politiciens, un fort contingent de grands patrons (Guillaume Pépy, président de la SNCF) et même d’évêques (Mgr Vingt-Trois) veulent être adoubés par lui (1). « Mais les lobbys, institutionnalisés aux Etats-Unis, ne sont pas les bienvenus dans notre pays, alerte M. Abitbol. De surcroît, nous poursuivons régulièrement devant les tribunaux, et à juste titre, tous ceux qui prétendent qu’il existe un lobby juif en France qui est puissant et influent, alors est-il judicieux d’agir en donnant corps aux propos fallacieux de ceux que nous poursuivons ?

Enfin, face au contexte économique et social extrêmement difficile que traversent les Français […] et à la progression des clichés antisémites dans notre pays, est-il de bon aloi de donner prise à ces clichés ? En effet, le prix très élevé de la participation à ce dîner (2) donne prise à la confusion des esprits sur le rapport des Juifs avec l’argent et la venue massive des membres du gouvernement donne prise à la confusion des esprits sur le pouvoir d’influence des Juifs sur nos gouvernants. Est-ce cela notre objectif et cet amalgame n’est-il pas là le premier danger qui nous guette ? »

En 2005 déjà, dans le mensuel L’Arche, Alain Finkielkraut avait comparé le dîner annuel du CRIF à « une espèce de tribunal dînatoire où les membres du gouvernement français comparaissent devant un procureur communautaire » examinant à la loupe leur attitude, envers Israël notamment, ce qui mettait le philosophe « très mal à l’aise ».

« Alors, ce dîner du CRIF, doit-il être ou ne pas être ? s’interroge le président de la CJFAI qui redoute les « frilosités des responsables politiques dont aucun n’osera prendre l’initiative de cesser d’assister à ce dîner », et celles des « responsables du CRIF dont aucun n’osera prendre la responsabilité de suspendre ce dîner ».

Pourtant, puisque le Front national a mis fin au défilé de Jeanne d’Arc – qui depuis 1988 faisait « partie de son ADN », comme disent les branchés –, ne serait-il pas temps pour l’Establishment juif de renoncer à son « tribunal dînatoire » ? A l’heure où le chef de l’Etat lui-même agite la menace « imminente » de nouveaux attentats téléguidés par l’Etat islamique, les Juifs lambda (et les Français en général) y gagneraient, eux, en sécurité.

(1) Teboul, qu’Estrosi, s’est rendu en février en Israël, destination choisie pour son premier voyage à l’étranger en tant que nouveau président de la région Provence.

(2) De 400 à 900 euros, affirme Faits et Documents dans son n° 412 où l’on trouvera la liste complète des convives, y compris Rachida Dati, le général Bruno Le Ray, gouverneur militaire de Paris, ou le pseudo-anar Sourisseau dit Riss, directeur de Charlie-Hebdo (!) et même le menu du banquet (F & D, BP 254-09, 75424 Paris CEDEX 09, France).

Camille Galic – Présent

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