Rendons à César… ses César ! La cuvée 2016 nous prouve (ouf !) qu’en France la diversité est célébrée et que le monde du spectacle ne s’est pas « droitisé », bien arc-bouté sur sa gauche malgré des spectateurs qui, quel scandale, votent parfois à 50 % pour le FN…
Vus de l’extérieur mais aussi de l’intérieur par des gens de passage, les Français – du moins ceux de la catégorie la plus « répandue » – passent pour des « racistes », voire (plus grave) pour des « islamophobes ». Or, qu’ont choisi les 4.500 jurés des César – certes noyautés par trois collèges (techniciens, réalisateurs, acteurs) totalisant 60 % des voix, les 40 % restants s’éparpillant entre sept collèges (dont, pourtant, ceux des auteurs, des producteurs, des distributeurs) – ? Eh bien, les représentants de la vie cinématographique phagocytée par l’intelligentsia de la culture n’ont pas hésité un instant à récompenser Fatima, un film qui, après trois petits tours, a fait (incroyable score) 161.945 entrées (7.712 par jour). Fatima l’a emporté face à Marguerite, qui a réalisé, en six semaines, 980.161 entrées (23.337 par jour). Ne parlons pas d’un autre film français mais si vulgairement enfantin, Les Nouvelles Aventures d’Aladin, avec le gamin Kev Adam, plusieurs semaines en tête, resté huit semaines en salles et ayant engrangé 4.362.560 entrées, soit 77.903 par jour, soit dix fois plus que Fatima… C’est dire le courage des jurés impartiaux des César. Applaudissons-les debout ! Comme la France !
Croyez-vous que si, cette année, une équipe cinématographique – assurément déclarée par la profession « complètement déjantée » – se mettait à proposer, produire, réaliser, commercialiser un film sur la tragédie vécue par une famille de paysans dans laquelle le père se suiciderait et la mère et le fils reprendraient l’élevage ou la production de lait malgré les tracasseries décidées par l’Europe, les contrôles administratifs de l’État français, les interdictions sanitaires répercutées par le préfet du coin… Croyez-vous que, même en prenant des comédiens amateurs jouant leur propre vie – comme ce fut le cas avec Fatima -, avec des noms fleurant bon le terroir normand, breton, auvergnat, picard ou autre… Croyez-vous que ces mêmes jurés voteraient en faveur d’un film portant comme titre un prénom tel que Florence, comme Foresti, l’hôtesse de la soirée des César ? Assurément oui !
À moins qu’ils ne veuillent confirmer leur attachement à la diversité en récompensant un film sorti le 17 février : La Vache (déjà 48.392 entrées par jour). D’autant que ce film a été réalisé par Mohamed Hamidi et qu’il réunit Fatsah Bouyahmed, Jamel Debbouze et, accessoirement, Lambert Wilson… Et qu’en outre le synopsis est des plus tentants pour nos jurés des César : « Fatah, petit paysan algérien, n’a d’yeux que pour sa vache Jacqueline, qu’il rêve d’emmener à Paris, au Salon de l’agriculture. » Donc, inutile de faire un film sur le malheur des paysans. Tout est déjà dans La Vache !
À propos de vache et de Salon de l’agriculture, pourquoi ne pas donner le César du meilleur acteur de la tragi-comédie « La Vache et le Président », tournée en décors naturels le 27 février et aussitôt projetée sur tous les (petits) écrans de France, à François Hollande ! Non ? En plus, lui aussi aime bien la diversité…