La déportation des Basques sous la Terreur

 Il n’y a pas que la Vendée qui ait souffert de populicide (terme utilisé par le révolutionnaire Gracchus Babeuf dans son pamphlet « Du système de dépopulation… » ) sous la Révolution.

Peu d’ouvrages ont été consacrés à la déportation des Basques du Labourd et des confins bas-navarrais en ce tragique mois de février 1794. Des archives disparues dans des incendies ou des traces effacées intentionnellement n’ont laissé subsister que des mémoires conservées dans certaines familles et des inscriptions recueillies au XIXe siècle par quelques chercheurs courageux sur les tombes dans les cimetières encore intacts jalonnant le chemin de croix des déportés.

On peut dater le début de la tragédie du 4 frimaire an II (25 novembre 1793), lorsque l’assemblée du Conseil général de la commune de Chauvin-Dragon (Saint-Jean-de-Luz), du comité de surveillance et des commissaires de la société révolutionnaire «considérera que la commune de Sare a constamment manifesté la haine la plus marquée contre la Révolution, que cette commune n’est habitée que par des aristocrates (…) des traîtres et des criminels » ce qui doit « lui attirer l’animadversion de tous les patriotes et la vengeance républicaine » (…) « arrête, que les Représentants du peuple, près l’armée des Pyrénées-Occidentales, seront invités à faire effectuer dans le plus court délai possible l’évacuation totale de la commune de Sare, en envoyant les laboureurs dans les départements du Lot et de Lot-et-Garonne, les marins et les charpentiers sur les vaisseaux et dans les chantiers de la République, les artisans dans les communes d’Auch et Condom, à déposer les vieillards et les infirmes des deux sexes ainsi que les enfants hors d’état de travailler dans les maisons nationales de quelques départements éloignés, faire vendre les grains de la commune de Sare à celle de Chauvin-Dragon, les foins et pailles aux fonctionnaires des armées de la République, les bestiaux dans les foires et marchés voisins »

Une bonne partie des communes labourdines et des confins bas-navarrais subirent le même sort.

En février 1794, par un froid intense, le long cortège des suppliciés s’étira jusque des contrées éloignées – au Cantal et en Lauraguais – accompagné de charrettes où l’on avait jeté pêle-mêle ceux qui ne pouvaient marcher par eux-mêmes : vieillards, femmes en train d’accoucher, enfants en bas-âge et grabataires.

Soumis à des travaux forcés, publics ou chez les particuliers, les rares survivants ne furent autorisés à rentrer au Pays Basque que huit mois plus tard, pour trouver leurs maisons dévastées, pillées et brûlées, la terre en friche ou les récoltes volées, les bourgs vidés de leur population. La ruine était totale. Elle provoqua un appauvrissement dans le pays, cause d’émigration de générations de jeunes basques, une décadence de l’esprit civique et, partant, une atonie dans la vie politique au XIXe siècle.

Alexandre de La Cerda tente de réparer cette injustice en publiant chez l’éditeur Cairn cet ouvrage intitulé« La déportation des Basques sous la Terreur ».

Membre de l’Académie des Jeux Floraux, lauréat de l’Académie française, du Prix « Renaissance des Arts », du Prix d’Honneur de la culture basque décerné par la Ville de Bayonne et la Société d’Études basques « Eusko Ikaskuntza » ainsi que du Prix Biltzar des écrivains du Pays Basque, Alexandre de La Cerda a créé la première station régionale basque et gasconne « Radio Adour Navarre ».

Collaborateur de nombreux médias de la presse écrite et audiovisuelle, il est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages consacrés à l’histoire et à la culture de la région.

Le livre d’Alexandre de La Cerda a été publié aux éditions Cairn (168 pages, 14€).

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