A raison d’un millier de fermetures de points de vente de presse par an depuis 2009, le réseau de presse est mal en point. Il fera cette année l’objet d’un véritable plan de sauvetage associant l’ensemble de la filière. Il était temps !
Le lobbying intensif des marchands de journaux a fini par payer. Les différents gouvernements, et plus encore celui de Manuel Valls, qui se gargarisent des valeurs démocratiques véhiculées par la presse écrite, ont fini par transformer leurs paroles en actes concrets. Les messageries Presstalis et Messageries lyonnaises de presse – pilotées par les éditeurs sous forme de coopératives – semblent également déterminées à sauver le réseau de marchands de journaux.
Ainsi, l’aide à la modernisation des marchands de journaux connaît une hausse de 60 % dans le budget 2017 du ministère de la Culture et de la Communication. Il passera cette année de 3,7 millions à six millions d’euros : l’équipement informatique figure parmi les investissements prioritaires. De surcroît, les marchands de presse spécialistes (environ 11 000 sur les 25 000 existants) seront exonérés de contribution économique territoriale, l’ancienne taxe professionnelle. La mesure se chiffre à plus de sept millions d’euros réinjectés dans le circuit.
Les acteurs de la filière presse semblent également mobilisés. Grâce à un accord avec la société Viapresse, les marchands de journaux pourront vendre de l’abonnement de presse dans leurs magasins. Un millier aurait déjà adhéré à ce dispositif commercial qui s’appuiera d’ici à l’été sur 2 500 références de presse. Presstalis, qui distribue 70 % de la presse, participera aussi à l’animation des points de ventes en y proposant des opérations de marketing. La messagerie s’est associée avec l’agence Globe pour organiser ce type d’animations en partenariat avec des marques. Vincent Rey, le directeur général de Presstalis, table sur 20 % de chiffre d’affaires réalisé dans la diversification à l’horizon 2019.
Au sein de la désertification des villes moyennes, mise en lumière dans le livre d’Olivier Razemon, Comment la France a tué ses villes (éd. Rue de l’échiquier), les magasins de presse occupent une place de choix dans les fermetures de commerce de proximité. Environ 800 ont encore baissé le rideau en 2016. Il ne subsiste plus que 25 000 points de vente de presse : ils étaient plus de 30 000 en 2010. En l’absence de mesures structurelles, le réseau de presse serait devenu encore plus squelettique en moins de deux décennies.
Charles Mansel – Présent