L’ami

Vouant sa vie aux plus démunis, au tournant des XIIe et XIIIe siècles, François d’Assise n’eut de cesse de batailler contre le siège pontifical, et la hiérarchie cléricale, pour imposer un retour à l’humilité, à la charité et à une spiritualité contemplative, prônées par le Christ, face à une Eglise dispendieuse et fastueuse. Cette simplicité, il l’incarne, la vit, la prêche avec une telle conviction, un tel prosélytisme, une telle efficacité, que nombre de disciples l’ont rapidement rejoint, pour fonder, à terme, l’Ordre des frères mineurs, dénommer ensuite en son hommage, l’Ordre Franciscain. A ce titre, il sera un des rares religieux à être aussi rapidement canonisé, dès 1228, deux ans après sa mort.

C’est cette phase de la vie de François, qui voit la fondation de l’Ordre, sur laquelle se focalise “L’Ami”. Renaud Fely et Arnaud Louvet synthétisent sur un temps relativement court la quintessence du dogme franciscain. Car dogme il y a. Convaincu de la nécessité de créer son institution religieuse, François doit en soumettre la “règle” au pape pour la fonder. Une condition sine qua non. Dans cette optique, il doit la proposer, la débattre avec ses disciples, puis avec le cardinal de son diocèse ; il doit les convaincre de son bien-fondé, pour l’inscrire dans l’Eglise.

C’est cette pugnacité à convaincre qui constitue la part la plus intéressante du film. Car François, généralement identifié à une personnalité éthérée, se dévoile ici sous un jour combatif, pour imposer sa vision d’un retour au message christique. En butte non seulement à la hiérarchie cléricale, mais à ses propres disciples, tous le trouvent trop exigent dans son ascèse. Il est notamment confronté à Elie de Cortone (Jérémie Renier), son bras droit, qui lui réclame à répétition plus de souplesse. Mais il trouve par contre une oreille attentive chez le Cardinal Hugolin (Olivier Gourmet) qui, à regret, lui demande de revoir sa copie, suite aux refus réitérés du Pape à accepter sa “règle”.

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