Un éminent journaliste syrien qui a réalisé plusieurs documentaires dévoilant le vrai visage de Daesh, a été abattu par des assaillants en plein jour à Gaziantep. Il s’agit du troisième meurtre de journaliste en Turquie ces trois derniers mois. Naji Jerf, rédacteur en chef du magazine Hentah, connu pour ses documentaires dénonçant les violences et abus commis sur les territoires contrôlés par l’Etat islamique (Daesh, EI), a essuyé un tir mortel près d’un bâtiment abritant les locaux de médias indépendants syriens dans la ville turque de Gaziantep. Ce sont ses collègues qui ont révélé sa mort.
Selon un média local, le journaliste a été victime d’un tir à la tête alors qu’il marchait dans la rue. Il a été transporté à l’hôpital mais il y a succombé à sa blessure. L’attaque a eu lieu juste en face d’une caméra de surveillance selon le site d’information turc T24. Alors que le parquet de la Turquie a entamé une enquête sur l’incident, les terroristes de Daesh ont revendiqué l’assassinat du journaliste, a annoncé la chaîne Al Hadath en citant une déclaration des djihadistes de l’Etat islamique.
Un ami de Naji Jerf a déclaré à l’AFP que le journaliste était «censé arriver à Paris cette semaine après avoir reçu, avec sa famille, un visa d’asile en France».
Le responsable pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord du Comité de protection des journalistes, Sherif Mansour, a affirmé que «les journalistes syriens qui ont fui en Turquie ne sont pas du tout en sécurité», rappelant que d’autres journalistes syriens, ainsi que des membres éminents de l’opposition turque, ont été assassinés en Turquie ces derniers mois. «Nous appelons les autorités turques à traduire les assassins de Naji Jerf en justice au plus vite et en toute transparence, et de mettre en place des mesures pour protéger tous les journalistes syriens sur le territoire turc» a-t-il ajouté.
Jerf a récemment fini un documentaire qui constate la violence et les crimes dans les parties d’Alep contrôlées par Daesh. Ce film a été réalisé à la demande du groupe RBSS, «Raqqa is Being Slaughtered Silently» («Raqqa est en train d’être silencieusement assassinée») et s’est vu attribuer en novembre dernier le prix International Press Freedom Award du Comité pour la protection des journalistes.