Châteauneuf-de-Galaure, c’est un endroit inconnu pour qui n’a pas eu la chance d’y séjourner mais pour ceux qui ont eu cette bonne fortune, c’est lieu où la grâce s’est installée. C’est en profitant du week-end de la Toussaint que je me suis arrêté dans le premier foyer de charité fondé par Marthe Robin.
Alors que la nuit est déjà tombée, que le village est endormi, j’aperçois une statue de la Vierge qui me tend les bras. Je suis arrivé à destination : le foyer de charité de Châteauneuf-de-Galaure. Bien que le silence règne déjà sur l’imposante bâtisse, je suis accueilli par une charmante dame qui a l’amabilité, malgré l’heure tardive, de prendre le temps de me montrer tous les lieux utiles de la demeure avant de me conduire à ma chambre. L’affabilité de cette personne est de bon augure pour les quatre jours de retraite qui s’annoncent.
Saint Paul est au programme. L’apôtre des païens est au cœur de cette retraite prêchée par le Père Michon, directeur des Foyers de charité. Une journée type débute à 7h30 avec la messe suivie du petit-déjeuner. A 9h15, débutent les enseignements jusqu’à 13 heures, heure du repas, pris en silence. Le silence, clef de la méditation, est ainsi la règle durant ces quelques jours, les lieux devenant davantage propices à la méditation, une fois que le silence épouse l’obscurité. Ayant respecté scrupuleusement cette norme, je ne connais donc même pas le prénom de mes voisins de table. Le langage est celui des expressions faciales et l’on constate que cette forme de communication rend l’atmosphère très conviviale, tant il est possible de voir les sourires fleurir sur les lèvres, venant ainsi remplacer le simple « merci ». A 15h30 le chapelet est récité suivi d’un autre temps d’enseignement et d’une adoration eucharistique. Le dîner est pris à 19h30, souvent suivi d’un temps de prière (complies). Au cours d’une retraite, il est possible de recevoir divers sacrements. Si l’Eucharistie est bien sûr proposée, ainsi que la confession, il est également possible de recevoir le sacrement des malades. Au cours de cette retraite, cinq femmes ont reçu l’extrême onction. Des personnes qui n’étaient pas si âgées que cela et que l’on n’aurait pas soupçonnées d’être si proche de l’éternité.
Qui est Marthe Robin ?
Marthe Robin est une mystique française née le 13 mars 1902, à Châteauneuf-de-Galaure (Drôme). Malade, elle restera clouée à son lit dès l’âge de 18 ans. Sa constitution fragile ne lui permet pas de rentrer au carmel et peu à peu, elle comprend qu’elle est appelée, en tant que laïque, à vivre l’offrande de toute sa vie en union avec le Christ crucifié pour l’Eglise et le monde. Le 10 février 1936, Marthe rencontre l’abbé Finet avec qui elle se met au service du Seigneur en lui demandant de créer les Foyers de Charité.
Elle est principalement connue pour avoir, une grande partie de sa vie durant, souffert tous les vendredi la Passion du Christ, recevant notamment les stigmates. Elle aurait dit un jour à l’abbé Finet : « nous sommes jeudi aujourd’hui…je ne pourrai pas ». « Si », lui répondit le prêtre. Elle eut à revivre cette passion chaque vendredi jusqu’à son décès.
Elle aurait également eu des apparitions et des révélations privées du Christ et de la Sainte Vierge. Pendant le chemin de croix du vendredi, le père prêchant la retraite lisait ainsi le récit de révélations privées qui, tel un évangile apocryphe, relatait notamment le comportement de la Vierge Marie juste après la mort de Jésus.
Pendant les 50 dernières années de sa vie, Marthe ne se nourrira, selon ses proches, que d’Hosties consacrées. Jusqu’à sa mort, le 6 février 1981, celle qui fut l’âme des Foyers de charité, vivra dans sa petite chambre d’une dizaine de mètres carrés, dans la ferme qui l’a vu naître, attirant à elles des milliers de visiteurs. Selon ses carnets de rendez-vous, on estime à plus de 103 000 le nombre de personnes qu’elle reçut dans sa petite chambre. Aujourd’hui sa cause en béatification est en cours d’instruction par le Saint-Siège.
Que sont les Foyers de charité ?
Les Foyers de charité sont la grande œuvre de Marthe Robin et de l’abbé Finet. Il s’agit de lieux de vie communautaire où vivent des baptisés, hommes et femmes mettant en commun leurs biens, leurs compétences et leurs charismes.
Les membres d’un foyer se consacrent à l’annonce de l’Evangile. Leur mission principale est l’animation de retraites spirituelles dans le silence. Il s’agit d’une association privée de fidèles de caractère international reconnue par le Saint-Siège. Il existe aujourd’hui soixante-quinze foyers répartis dans quarante-deux pays, principalement en Europe, en Afrique ou en Amérique du Sud. Que souhaiter de plus aux Foyer de Charité ? « La béatification de Marthe », nous répond le Père Michon. Pourquoi ? Parce que si ces foyers ont déjà connu un certain succès, il est clair que « ce n’est qu’un début » et que « sa béatification fera connaître et croître son œuvre à travers le monde entier ». « Je me souviens que le Père Finet me parlait de plusieurs dizaines de foyers en Chine, on en est loin », conclut-il dans un sourire.
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