La perspective d’un traitement intransigeant des affaires de pédophilie dans l’Église est incontournable pour les prêtres, mais beaucoup d’entre eux souffrent du soupçon de leur hiérarchie. Certains réclament plus de charité et de miséricorde pour tous ceux qui ne sont pas sur les bancs des accusés. Témoignage brut de l’un d’entre eux : « Je redoute un excès de zèle chez certains évêques. Il peut y avoir des sanctions qui tombent sans précaution et qui parfois ne laissent place à aucune défense. Il y a chez beaucoup un sentiment d’exaspération, parce qu’ils trouvent que nos évêques ne prennent pas suffisamment en compte leur mal-être. Une partie non négligeable du clergé, en France, est au bord de la dépression…
In fine, les affaires de pédophilie révèlent un grave problème de gouvernance, mais pas seulement en ce domaine : c’est dur à dire, mais il existe très peu d’occasions d’échanges personnels entre les évêques et leurs prêtres. Ajoutons à cela que la règle de la confidentialité vole souvent en éclat sous la pression médiatique. Quand un prêtre est soupçonné du moindre écart, il a l’impression que sa vie est foutue (et même si plus tard il est innocenté d’une manière ou d’une autre).
Les évêques sont des pères et pas des flics ! Un prêtre qui n’en fait pas assez sera mal vu par son évêque… mais ceux qui sortent parfois du lot, comme on dit, ne sont pas mieux lotis et sont soupçonnés de rechercher la «lumière». Ne nous étonnons pas, à la fin, que nos prêtres dépriment. »
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