En France, tous les deux jours, un agriculteur se suicide. En Loire-Atlantique, Michou, qui n’a pas souhaité être filmé, a accepté de livrer son témoignage sur ce drame dont la partition se joue à huis clos.
Plus qu’un problème, un drame qui touche tout le monde agricole. Tous les deux jours, un agriculteur se suicide en France. La production laitière et l’élevage bovin sont les secteurs les plus touchés, avec une surmortalité par suicide de plus de 50 % par rapport à la moyenne nationale. La Bretagne et les Pays de la Loire détiennent le funeste record.
Dans le vivant, comme ils disent, en plus des tâches quotidiennes, il faut soigner les bêtes quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit, quel que soit le jour de l’année. Pas de répit.
Chez ces hommes, la passion du métier est ancrée dans le regard et les années de labeur marquées sur leur corps. Dans ce monde de taiseux, Michou a osé lever le tabou sur ce mal-être : “Je me suis toujours dit qu’il ne fallait pas que j’en arrive là … pourtant j’ai plein de raisons. Alors au début, je me suis fait aider.”
Pris de court par l’ampleur du phénomène, l’État a chargé la mutuelle sociale agricole (la MSA) de déployer un plan d’action contre le suicide des agriculteurs en 2011. Et depuis 2014, un numéro d’appel gratuit “agri-écoute” ouvert 24h/24 et 7j/7 (09 69 39 29 19). Plus de 4 000 personnes ont composé ce numéro ; à l’autre bout du fil, des psychologues spécifiquement formés “à la gestion des situations de crise suicidaire”.
Dans la permanence de SOS Paysans 44, association membre du réseau Solidarité paysan, créée il y a près de 20 ans, Isabelle Grégoire et Véronique Louazel suivent près de 80 situations. Principalement des cas de surendettement.