Depuis quelques semaines, le petit milieu feutré de l’UNESCO est en émoi. Premier acte : les Etats-Unis et Israël annoncent leur retrait de l’organisation. Deuxième acte : Audrey Azoulay est élue – de justesse – directrice générale.
Le départ des Etats-Unis, suivis par Israël n’est pas une réelle surprise. Ce n’est que l’aboutissement d’un processus de désengagement progressif. Ils avaient arrêté leur financement depuis 2011 mais continuaient à siéger au Conseil exécutif. La raison officiellement invoquée est le mauvais traitement que réserve l’UNESCO à Israël. En cause notamment, l’inscription de la vieille ville d’Hébron, située en Cisjordanie, à la liste du patrimoine mondial, le 7 juillet dernier, provoquant la fureur d’Israël qui voit là un crime de lèse-historicité. Ce n’est que le dernier épisode de griefs clairement exprimés depuis longtemps : les arriérés de certains pays, la prise en otage de l’institution par d’autres, la stratégie tiers-mondiste quasi revendiquée…
On peut légitimement applaudir ! En France, l’UNESCO a l’image d’une œuvre presque charitable agissant en faveur de la protection du patrimoine. C’est vrai, avec des bémols déjà écrits dans ces colonnes. Mais en réalité, le patrimoine n’est qu’une toute petite partie du champ d’intervention de l’UNESCO. Il suffit de lire sa stratégie pour être convaincu de la nocivité intrinsèque de ses objectifs actuels. Des exemples ? L’UNESCO affiche deux priorités générales, « L’Afrique » et « L’égalité des genres » et quatre groupes prioritaires : « La jeunesse », « Les peuples autochtones », « Les Petits Pays insulaires en développement » et « Les Pays les Moins Avancés ». Sans oublier bien sûr, un ambitieux plan d’actions sur le SIDA. Nous sommes très loin du Mont Saint-Michel ou de Vézelay. Alors, on espère bien que d’autres pays emboîteront le pas aux Etats-Unis, pour « déconstruire » comme disent les technocrates ce gros machin qui ne sert à rien.
Le deuxième acte est l’élection de la socialiste Audrey Azoulay à la direction de l’organisation.. L’ancien ministre de François Hollande succède à Irina Bokova, qui, fille d’un ancien dirigeant du parti communiste bulgare, est toujours restée fidèle à l’idéologie qui l’a formée et qui lui a permis de gravir les échelons du pouvoir. Elle reste aussi fidèle aux pratiques des apparatchiks du parti des prolétaires, avec de sombres affaires d’enrichissement personnel…
Madame Azoulay a été élue à l’issue d’un scrutin serré. Elue par trente voix, contre vingt-huit pour son adversaire qatari, elle avait pourtant pu compter sur le soutien du candidat égyptien, arrivé troisième.
Son projet ? « L’éducation comme ferment de développement et d’égalité entre les sexes » et plus particulièrement « l’accès à l’éducation pour les filles ». Elle souhaite par ailleurs positionner l’organisation comme « un acteur de référence du développement durable ». Quel programme ! Cela fait rêver. Avec la moitié du Conseil exécutif votant pour un Qatari, on lui souhaite bonne chance…