lle aurait dû jouer auprès de Michel Sardou. Elle avait répété Si on recommençait. Mais à quelques heures de la première, elle avait dû être hospitalisée. Elle s’est éteinte dans son sommeil. Elle avait 89 ans et 65 ans de carrière…
Elle ne recommencera pas. Françoise Bertin, née le 23 septembre 1925, et qui jouait encore cet été à Avignon son premier spectacle «off» (Votre maman, de Jean-Claude Grumberg dans une mise en scène de Vincent Ecrepont) s’est éteinte dans son sommeil dans la nuit de dimanche 26 à lundi 27 octobre.
Elle avait 89 ans. Elle ne les faisait pas. Elle était devenue très populaire ces dernières années en jouant dans le feuilleton de France 3, Plus belle la vie. Elle était Josiane.
Pour les amateurs de théâtre, Françoise Bertin était une grande qui avait débuté à la Comédie de Saint-Étienne, en 1949, avec Jean Dasté et aurait dû jouer cette saison dans Si on recommençait d’Eric-Emmanuel Schmitt, une mise en scène de Steve Suissa avec en vedette Michel Sardou. Mais elle n’avait pu assurer les représentations et avait été remplacée par Anna Gaylor.
On espérait tous qu’elle se remette, mais le destin en a voulu autrement.
Françoise Bertin avait été une grande comédienne de la décentralisation dans les années 1950-1960, mais très vite elle avait travaillé à Paris et dans la région pour de belles et mémorables productions de Jean-Marie Serreau notamment, mais aussi d’Antoine Vitez, Gabriel Garran, Gabriel Monnet.
Cette femme charmante et disciplinée avait longtemps appartenu à la troupe du TNP et travaillé sous la direction de Georges Wilson, Jacques Rosner. Elle avait aussi parfois travaillé sous la direction de Jean-Louis Barrault.
Tout ce qui comptait dans le monde du théâtre aimait cette femme au joli visage, à la présence forte et profonde, capable de jouer les comédies comme les tragédies, les pièces classiques comme les pièces contemporaines.
Elle fit aussi un bout de chemin à Strasbourg avec Jean-Pierre Vincent et André Engel, avec Jean-Michel Ribes, Fernando Arrabal et Laurent Terzieff.
Sa carrière est ample au théâtre, elle l’est tout autant au cinéma: de L’Année dernière à Marienbad d’Alain Resnais en 1961, au Renard Jaune de Jean-Pierre Mocky en 2013, en passant par Ensemble, c’est tout, en 2007, Françoise Bertin n’avait jamais arrêté. Même chose à la télévision. Elle n’était pas célébrissime, mais tout le monde connaissait son joli minois, son visage ouvert et généreux. Tout le monde appréciait son talent, sa belle humeur, sa finesse, sa profondeur. Le temps avait fait de la jeune femme rieuse une grand-mère malicieuse.
Salut à une grande et à une modeste!